Accident tragique en Tanzanie : Blaise Gaitou nous a quittés.

Pontarlier, 28 février 2024

C’est avec une immense tristesse que Jeunesse en Mission (JEM) annonce le décès de onze de ses membres dans un accident de la route survenu le samedi 24 février près d’Arusha, en Tanzanie.

Un camion sans freins a percuté plusieurs véhicules, dont un bus transportant des participants à un séminaire de leaders. Le bilan est lourd : 25 personnes ont perdu la vie, dont onze membres de JEM. Parmi les victimes figure également Blaise Gaitou, membre du leadership de FOMECAF, et trois personnes ayant participé aux activités initiées par l’association Radio Réveil en Afrique francophone.

Blaise Gaitou a joué un rôle crucial dans le développement et le succès des activités de notre organisation en Afrique francophone. De 2016 à 2018, il a été un élément moteur de notre présence à Niamey, au Niger. Son engagement et son expertise ont permis de tisser des liens durables avec les acteurs locaux et de lancer des initiatives porteuses. En 2019, il a ensuite contribué de manière significative à l’implantation de notre organisation à Lomé, au Togo. Son implication dans la création de FOMECAF a été déterminante, tout comme ses interventions et formations auprès de nombreux professionnels des médias africains.

Blaise Gaitou artisan du vivre-ensemble

Au Niger, Blaise, d’origine musulmane, était un véritable artisan du vivre-ensemble. Il jouait un rôle essentiel de médiateur entre les différentes communautés et s’investissait avec passion dans la promotion du dialogue interreligieux. Parallèlement à ses activités, Blaise animait une émission sur la radio séculière « Nagarta » à Maradi, dans l’est du Niger. Cette émission, soutenue un temps par notre association, lui permettait de toucher un large public et de partager ses réflexions sur des thématiques sociales et culturelles importantes.

La disparition de Blaise est une perte immense pour notre organisation et pour l’ensemble de la communauté des professionnels des médias en Afrique francophone. Nous saluons sa mémoire et nous nous engageons à poursuivre son œuvre avec la même passion et le même dévouement.

Besoin de prières

L’association Radio Réveil exprime ses plus sincères condoléances aux familles et amis des victimes tout particulièrement à Jeannette, l’épouse de Blaise, et à leurs deux enfants. Nos pensées et nos prières les accompagnent en ces moments de profonde douleur.

Joële Zeller, responsable du mouvement de l’enfance de JEM, “Les Fabricants de Joie”, a également été grièvement blessée dans l’accident. Elle est en cours de rapatriement en Suisse par un avion ambulance. Nous appelons à la prière pour sa guérison et pour le soutien de sa famille.

Guy Zeller, son mari, qui se trouvait dans un bus suivant celui accidenté, n’a pas été blessé physiquement mais a été témoin du drame. Nous lui apportons tout notre soutien.

Emmanuel Ziehli, président

Réécouter Blaise Gaitou au micro de Serge Carrel
https://radioreveil.ch/episode/blaise-gaitou-il-y-avait-jesus-dans-mon-reve/

Communiqué de presse du FOMECAF :
https://medias.africa/2024/02/25/communique-du-fomecaf/

Hommage à Blaise Gaitou :
https://medias.africa/2024/02/26/blaise-gaitou-lhomme-qui-vivait-la-foi-chretienne/

Plus sur l’accident : https://www.letemps.ch/monde/au-moins-25-personnes-tuees-dans-un-accident-routier-en-tanzanie-une-suissesse-blessee

Le matin de l’accident, Blaise publiait cet encouragement sur son compte Facebook. Nous vous le laissons :

« APRÈS AVOIR BIEN LUTTÉ, VOUS RESTEREZ DEBOUT » Éphésiens 6.13, PDV

Trois armes redoutables pour vaincre l’adversaire:

  1. Le bouclier de la foi: Imaginez les chariots des colons encerclés par les flèches enflammées des Indiens. Impossible de combattre le feu et l’ennemi en même temps ! Les flèches, une diversion diabolique. Satan utilise la même stratégie. Mais la foi en la Parole de Dieu éteint ses traits enflammés.
  2. Le casque du salut: Protégez votre esprit ! Face aux doutes instillés par Satan, ripostez avec l’assurance de votre identité en Christ : enfant de Dieu racheté, pardonné, juste et citoyen du ciel.
  3. L’épée de l’Esprit, la parole de Dieu: Il ne s’agit pas du logos écrit, mais du rhéma, la parole dite à voix haute. Proclamez la Parole de Dieu pour terrasser Satan ! N’oubliez pas, il a tenté Jésus trois fois dans le désert, et trois fois, Jésus l’a repoussé avec « Il est écrit » (Matthieu 4.4-10). La Parole de Dieu est son arme fatale !

Terrorisme en Afrique : « l’existence même de certains Etats comme le Burkina-Faso est aujourd’hui menacée ».

Illia Djadi est expert des droits humains et analyste stratégique auprès de l’ONG Portes Ouvertes à Londres. Il était à Lomé, la capitale du Togo, du 20 au 24 février passé en qualité d’orateur principal du cinquième séminaire organisé conjointement par le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) et l’Association suisse Radio Réveil. Cette année, 70 acteurs en provenance de 15 pays d’Afrique se sont réunis pour s’entretenir, 5 jours durant, d’une thématique on ne peut plus d’actualité : « Médias, outils de paix dans un Monde en conflit ». Il dresse un tableau plutôt sombre de la situation en Afrique subsaharienne. Rencontre.

Emmanuel Ziehli (EZ) – L’ONG pour laquelle vous travaillez « Portes Ouvertes » vient de publier son index de la persécution des chrétiens dans le Monde. Quelle est votre lecture de la situation ici où nous nous trouvons en Afrique subsaharienne ?

Illia Djadi (ID) – Lorsque l’on considère l’index de cette année et en particulier la situation sur le terrain, l’on observe une montée croissante de l’insécurité et de la persécution liée à l’insurrection islamique. A travers l’Afrique, plus précisément au sud du Sahara se trouve une multitude d’acteurs, groupes islamistes actifs dans cette sous-région qui affectent le « vivre ensemble » pacifique constituant l’une des principales sources de persécution. Une persécution qui est violente qui affecte les communautés religieuses minoritaires, plus particulièrement les chrétiens.

EZ – En particulier vous mettez en évidence une corrélation entre le changement climatique et l’insécurité, comment est-ce possible ?.

ID – Les pays du Sahel, plus précisément le Sahel central, le Burkina-Faso, le Niger, le Mali, sont les pays les plus affectés pour ne citer que ces trois-là. Ils ont ceci en commun d’être parmi les plus pauvres et que, même en temps normal, ils sont durement affectés par le changement climatique en termes de sécheresse et inondations et son corolaire la famine. Ces régions sont confrontées à ces dures réalités climatiques qui affectent plus particulièrement les communautés nomades et pastorales qui les peuplent. Le mode d’élevage, les troupeaux sont directement impactés par la raréfaction des ressources naturelles. L’accès à l’eau et aux pâturages deviennent une source de conflits. Les communautés Peuls et Touaregs, les couches les plus fragiles, sont les plus affectées par les conséquences du changement climatique. Autre corolaire, on observe que ce sont des membres de ces mêmes communautés qui grossissent les rangs des groupes terroristes. Les plus fragiles sont également les plus exposées à la manipulation, à l’endoctrinement et finalement au recrutement au sein de ces groupes.

EZ – Vous affirmiez pendant ce séminaire que ces groupes ne semblent pas si homogènes que nous aurions tendance à le percevoir depuis l’Europe ?

ID -Lorsque l’on observe la cartographie de la violence, on se rend compte qu’il existe une multitude d’acteurs. De nombreux groupes armés sont actifs. Au Sahel, on peut citer notamment deux groupes : le groupe « État islamique au grand Sahara » d’une part et le groupe de « soutien à l’Islam et aux musulmans » rattaché à Al-Qaïda d’autre part. On observe donc que ces 2 grandes familles terroristes sont représentées. Au-delà de l’idéologie islamiste d’interprétation radicale que ces 2 groupes ont de l’islam, ce sont deux acteurs qui s’opposent, 2 entités qui se font la guerre et se battent en une guerre fratricide dans le but de s’assurer le contrôle de ces zones afin d’y établir un « califat ». Assurer le contrôle des routes de ces régions permet l’éclosion de trafics en tous genres. Une économie criminelle s’est développée dans des régions devenues de « non droit » où trafic de drogue, trafic d’êtres humains, trafic de tabac et trafic d’armes prolifèrent. Cette économie criminelle est très lucrative et finance les activités de ces groupes. Ils s’affrontent donc pour assurer le contrôle de ces ressources.

EZ – Au-delà de la destruction du tissu social et de ce « vivre ensemble », vous allez jusqu’à alerter sur une menace existentielle de certains pays. Est-ce que vous ne forcez pas un peu le trait ?

ID -Il ne faut pas craindre les mots mais faire une bonne lecture de la situation sur le terrain et de ce qui s’y passe vraiment.  Aujourd’hui, les communautés qui peuplent ces régions, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, ont pour habitude séculaire de vivre en paix les unes avec les autres. Il existe une longue tradition de cohésion sociale et de cohabitation pacifique qui aujourd’hui sont malheureusement menacées. Les groupes djihadistes attisent des conflits locaux latents, des fractures sociales, les amplifient et les exploitent en attisant la division. On observe dès lors qu’au Mali, au Burkina-Faso ou au Niger ces groupes gagnent du terrain et que leur occupation territoriale inquiète au plus haut point. Plus de 40% du territoire du Burkina-Faso est à ce jour passé sous le contrôle de groupes terroristes.

EZ Au sein même de ces territoires « occupés » quelles sont les cibles privilégiées par ces groupes terroristes ?

Ces groupes ont en commun une idéologie islamique qu’ils professent, celle de « vouloir établir un état islamique ». Ils s’attaquent donc prioritairement aux chrétiens donc aux non-musulmans. Mais ils s’en prennent également aux musulmans dits « modérés » qui ne partagent pas cette lecture radicale de l’islam. Ils s’attaquent encore aux écoles synonymes pour eux de l’éducation occidentale chrétienne. Le nom de l’un de ces groupes hélas bien connu « Boko Haram », qui littéralement traduit de l’arabe veut dire « éducation occidentale prohibée » ou « l’école est prohibée » témoigne de leurs intentions. Lorsque l’on considère le Sahel central que je cite assez souvent, à savoir la zone la plus durement frappée par les activités terroristes, on se rend compte qu’au Burkina-Faso par exemple 6000 écoles sont aujourd’hui fermées. Un million d’enfants sont déscolarisés. Cette situation laisse craindre un effet domino à savoir qu’à l’horizon d’un an ou deux ces enfants fragilisés viendront grossir les rangs des groupes terroristes. Ils sont des proies faciles à l’endoctrinement. Il est urgent de réagir à cette situation.

EZ – Vous êtes également membre des responsables de FOMECAF et ancien journaliste de la BBC pour l’Afrique, pensez-vous réellement qu’un média puisse apporter une contribution à la paix dans cette région ?

ID – L ’histoire récente de l’Afrique et plus particulièrement l’évolution des médias démontrent qu’ils sont des outils puissants. Plus particulièrement la radio qui est le média de l’Afrique. Malgré l’avènement des réseaux sociaux et d’autres types de médias, elle reste le support de communication dominant. Je citerai le rôle destructeur opéré lors du génocide au Rwanda par la « Radio et Télévision Mille Collines » qui a attisé le feu et la haine et conduit à des actes que beaucoup ont regretté plus tard. En 2023 on aimerait dire mais plus jamais ça ! La radio peut jouer un rôle constructif et pacifique, promouvoir la paix et le vivre ensemble. C’est la raison du choix du thème du séminaire de FOMECAF en 2023. Quelle peut être leur contribution ? Je crois fermement que les médias et les professionnels de ces médias ont un rôle à jouer ! C’est la raison pour laquelle ils ont été interpellés ici à Lomé une semaine durant. Les médias doivent pouvoir jouer leur partition et user de ces outils puissants de communication et qui ont une influence sur les communautés dans l’objectif d’envoyer un message de paix. Il ne faut pas laisser le terrain vide et permettre à d’autres de l’occuper. Les groupes djihadistes font un usage concret de la communication pour influencer, recruter, endoctriner et transmettre un message de haine et de violence. Nous pensons que nous pouvons renverser cette tendance en faisant un bon usage des médias, particulièrement dans l’optique du vivre ensemble.

EZ – A l’issue de ce séminaire, êtes-vous confiant que les journalistes et autres spécialistes rencontrés ici à Lomé seront à même de relever de défi des années qui viennent ?

ID – L’objectif principal était d’abord d’éveiller les consciences et d’attirer leur attention sur ce qui se passe vraiment. En êtes-vous conscient ? Je peux affirmer, sans risque de me tromper, que le message est passé ! La prise de conscience d’un problème doit désormais engendrer une vision ainsi que la mise en œuvre d’un plan d’action. Il faut travailler à développer des stratégies coordonnées qui passe par le renforcement des capacités et le message de la paix. Il faut former de vrais professionnels des médias aptes à réaliser un traitement équilibré de l’information en particulier à trier le vrai du faux. Dieu seul sait à quel point aujourd’hui la désinformation est un souci principal. Le professionnalisme des médias mais surtout des personnes formées travaillant avec des équipements appropriés seront à même de faire face aux défis qui sont les leurs. Il s’agit donc d’un processus dont la 5ème édition de ces rencontres n’est que le début.

EZ – Le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) a revu ses priorités pour 2023 et projette l’organisation d’un séminaire à Ouagadougou. Quelle est la motivation d’un tel choix ?

ID – C’est un choix logique et le fruit de concertations en marge de cette rencontre. Le constat a été fait et la cartographie comprise. Les responsables de FOMECAF se sont rendu compte que le Burkina est durement frappé au point même que son existence est menacée.  Ce pays a perdu plus de 40% de son territoire au profit des groupes djihadistes. Nous voulons une réponse adéquate à l’urgence de cette situation. Notre présence ne permettra sans doute pas de régler tous les problèmes des Burkinabés. Nous voulons être présents pour leur dire que nous sommes conscients de leur douleur et que nous compatissons au traumatisme qui est le leur. Être à Ouagadougou c’est envoyer un signal, un message de compassion mais l’idée aussi de créer une situation pour qu’un maximum de professionnels des médias puissent participer à la rencontre, être outillés et puissent ensuite jouer un rôle déterminant dans le contexte qui est le leur. Nous voulons leur proposer d’être des acteurs de paix à travers leurs médias.

EZ – En marge de la publication en décembre dernier de l’index de la persécution par votre ONG « Portes Ouvertes » vous avez eu une rencontre très particulière dans une église évangélique de Londres avec le roi Charles 3 d’Angleterre. Quels souvenirs en gardez-vous ?

ID – D’abord c’était un honneur de pouvoir rencontrer une telle personnalité. De voir quelqu’un comme lui s’intéresser et être à l’écoute des chrétiens persécutés, sensible aux dures réalités que vivent ces communautés affectées par le phénomène de l’intégrisme et de l’insurrection islamiste m’a rempli de joie. Mon message vis-à-vis du roi Charles 3 d’Angleterre était de le rendre attentif à l’urgence de la situation.
Il y a urgence aujourd’hui au Sahel. L’existence des pays du Sahel, plus précisément du Sahel central, est menacée. Cette région est devenue le nouvel épicentre du djihadisme mondial. Nous assistons à une crise humanitaire de grande ampleur. Au Burkina-Faso on enregistre déjà plus de 2 millions de déplacés internes ! Comparé aux autres crises majeures telles que l’Afghanistan ou au Moyen-Orient, là où des coalitions internationales se sont formées pour combattre les talibans ou Daesh, une telle mobilisation n’existe pas pour le Sahel. L’attention n’est pas la même et la crainte que cette crise soit oubliée malgré son urgence est réelle. C’était mon message vis-à-vis de ce grand leader détenteur d’un pouvoir pour influencer.
Il faut agir dès à présent. Il faut s’intéresser à la situation du Sahel c’est une question de sécurité régionale bien sûr, mais de sécurité internationale avant tout. L’enjeu est global. L’impact de cette crise peut s’étendre à l’ensemble du continent. On observe déjà une extension des conflits vers des pays comme le Nigeria. Ce pays est « les États-Unis de l’Afrique », la première puissance économique du Continent, le pays le plus peuplé avec plus de 200 millions d’habitants. Imaginez que le Nigéria s’effondre en tant qu’Etat ! On assistera à une crise majeure qui affectera l’ensemble de l’Afrique et atteindra l’Europe également. Pensez-y-en termes d’immigration, de sécurité, mais encore en termes de trafic de drogue qui gangrène l’Afrique. En raison des problèmes de gouvernance, de ce vide laissé par des Etats qui ont failli, les routes de la drogue acheminée de l’Amérique Latine et d’autres pays qui transitent par l’Afrique. Cette drogue se retrouve ensuite sur le marché européen et est consommée en Suisse ou ailleurs en Europe. Il faut arrêter ce trafic et agir pour résoudre ce problème à sa source.

EZ – Cette rencontre avec le roi Charles 3 d’Angleterre a eu lieu dans une église éthiopienne, pourquoi ce choix ?

ID – C’est un symbole fort et un choix qui n’est pas anodin. Quand on considère la situation de l’Ethiopie et plus particulièrement de l’Erythrée, un pays en proie à une crise humanitaire, à des violences sans précédent qui affectent des milliers de personnes, c’est un message fort à l’endroit des chrétiens persécutés en Afrique de l’Est. L’Erythrée reste l’un des pays les plus affecté en termes de persécution. On a l’habitude de la désigner comme « la Corée du Nord de l’Afrique » où les minorités religieuses, chrétiennes en particulier, subissent une persécution d’Etat. Organiser ce culte dans cette communauté était un message envoyé aux chrétiens persécutés pour leur dire que nous compatissons, que nous sommes avec eux. Constater la joie qu’a procuré le choix porté sur cette église de la diaspora à Londres faisait chaud au cœur. Cela a renforcé leur moral. Mais au-delà, c’est à toute l’église d’Afrique de l’Est et d’Afrique subsaharienne à qui ce message était envoyé. Face à ce terrorisme qui affecte le vivre ensemble, face à la persécution qui vous touche si durement sachez que vous n’êtes pas seuls !

Crédit photo : Koudousse Moustapha – KDS – 2023

Forum des médias chrétiens en Afrique francophone : La paix au cœur des discussions

Du 30 octobre au 1er novembre 2023, Ouagadougou accueillera le sixième séminaire organisé par le Forum des Médias Chrétiens en Afrique Francophone (FOMECAF). Le thème de la conférence est « Médias chrétiens, outils de paix dans un monde plein de conflits. »

Après cinq éditions à Lomé au Togo, le séminaire organisé par le Forum des Médias Chrétiens en Afrique Francophone (FOMECAF) se décentralise et se déroule pour la première fois au Burkina Faso. 70 candidats venus de 6 pays dont le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali et le Niger y ont participé.

La présidente de la FOMECAF, Olivia Beugré, a déclaré que l’actualité dans certains pays d’Afrique francophone est pleine de crises et de tensions, telles que les crises sociopolitiques, les crises migratoires et climatiques, le terrorisme, entre autres.

Olivia Beugré, Présidente de la FOMECAF

Les médias pour la paix

Le symposium de cette année, sur le thème «médias chrétiens, outils de paix dans un monde de conflits», est donc l’occasion de s’interroger sur ce que font les médias chrétiens dans ces moments fragiles. «Qu’il s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux, ils ont la responsabilité de rapporter les événements de manière objective et équilibrée, de promouvoir le dialogue et la réconciliation et de contribuer à la construction d’une société pacifique et harmonieuse. Cependant, les médias peuvent également être utilisés de manière destructrice. Désinformation, discorde, haine et la manipulation de l’opinion publique peut exacerber les conflits», a déclaré Mme Beugré.

Une thématique qui rejoint celle du gouvernement burkinabé

Le ministre était représenté à cette réunion par Boukary Nitiema, chef de la délégation du ministère de la communication. Ce dernier a souligné «que dans des contextes caractérisés par le terrorisme comme ceux des pays sahéliens (Burkina Faso, Mali, Niger), les médias, tant laïcs que religieux, ont un rôle immense à jouer pour «déconstruire les éléments de terreur», renforcer la résilience des populations et soutenir les actions entreprises par les États pour vaincre à terme l’obscurantisme.» Il s’est donc félicité de la pertinence de ce thème qui, selon lui, s’inscrit dans les priorités de communication du Gouvernement du Burkina Faso.

Les médias comme outils au service des populations

Parrain de la manifestation, le président du CSC, Abdoulazize Bamogo, s’est également félicité du thème du séminaire, rappelant que les médias chrétiens sont impliqués à travers divers instruments pour les aider dans ce combat à jouer leur rôle dans le cadre de ce séminaire. Combattre le terrorisme. «Au Burkina Faso, nous engageons les médias chrétiens à adopter des outils qui les aideront à faire une différence face aux défis sécuritaires et aux tensions communautaires que nous vivons. Le but de ces outils est d’examiner l’engagement de ces médias qui font passer le message. de la religion, la parole de Dieu. Comment les investisseurs peuvent-ils aider un pays en situation de fragilité», a-t-il suggéré. Il a également félicité les médias confessionnels, qui selon lui sont professionnels car rarement interrogés pour des violations éthiques et professionnelles, et les a invités à maintenir le cap.

Mamadou Karambiri – parrain de la manifestation

Proche des réalités du Burkina Faso

Olivia Beugré, Présidente du Bureau du FOMECAF a déclaré que le Burkina Faso a choisi d’accueillir cette édition des séminaires du FOMECAF en réponse à la nécessité d’accompagner le pays dans les moments difficiles qu’il traverse. Par conséquent, le FOMECAF espère pouvoir rester proche de la réalité que vit le Burkina Faso, exprimer sa compassion et sa sympathie à l’Église et au peuple burkinabé blessé, et à terme offrir des séances de participation au plus grand nombre possible de professionnels des médias au Burkina Faso, ainsi que des opportunités d’aider, de bénéficier des formations qui y sont dispensées et de contribuer au débat à travers leurs témoignages.

A propos du FOMECAF

Pour mémoire, le FOMECAF a été lancée à Lomé, au Togo, en 2019, après une réunion de commémoration du 70e anniversaire de Radio Réveil, d’origine suisse, et se consacre à la diffusion du message du Christ, de la paix, de la réconciliation et de la coexistence pacifique en Francophonie. Chaque édition des conférences de Lomé, au total 6,  ont regroupées environ 150 professionnels de la radio travaillant dans les radios confessionnelles africaines francophones.

Les participants à ce réseau ont exprimé leur espoir qu’à l’avenir, la programmation de la radio confessionnelle ne se concentre pas uniquement sur la religion à l’antenne, mais tienne également compte des besoins spécifiques de la population. Emmanuel Ziehli, président de Radio Réveil, explique : « plus de prêches radiophoniques sans les actes qui les précèdent ».

Crédit photo : Koudousse Moustapha – KDS – 2023

Nous ne sommes pas au paradis : Un analyste nigérien explique l’inquiétude des chrétiens après le coup d’État

Face à la guerre en Afrique de l’Ouest et aux sanctions occidentales, la minorité chrétienne de la région du Sahel, en proie aux djihadistes, prie intensément pour la paix.

Le coup d’État militaire au Niger est entré dans sa troisième semaine. Quatre jours après le putsch du 26 juillet, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), composée de 15 membres, a menacé d’intervenir militairement si la démocratie n’était pas rétablie dans les sept jours

Cette échéance est passée et les dirigeants réfléchissent encore à leurs options tout en imposant des sanctions contre la junte, le groupe de responsables militaires qui a pris le pouvoir. Mais inquiets de ce septième coup d’État dans la région du Sahel depuis 2020, les dernières nations démocratiques d’Afrique de l’Ouest estiment qu’elles doivent tracer une ligne dans le sable.

Les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des militaires après leurs récents coups d’État, ont averti que toute intervention étrangère au Niger serait considérée comme un acte de guerre à leur encontre.

Le Niger a subi sa dernière tentative de coup d’État en 2021, juste avant que le président élu – aujourd’hui déchu – ne prête serment. L’ancienne colonie française était le dernier bastion de la coopération militaire occidentale contre les militants djihadistes au Sahel, dans un contexte d’expansion de l’influence régionale de la Russie par l’intermédiaire de son unité mercenaire Wagner. Le Niger, quant à lui, est le septième producteur mondial d’uranium.

« Christianism Today » a interviewé Illia Djadi, analyste principal de Portes Ouvertes pour la liberté de religion et de croyance en Afrique subsaharienne. Bien qu’il réside à Londres, il est citoyen du Niger, pays classé 28e sur la liste de World Watch des 50 nations où il est le plus difficile d’être chrétien. M. Djadi a présenté le contexte régional, décrit la situation difficile des chrétiens, mais qui s’améliore, et a lancé un appel fort contre l’intervention militaire :

Quelle est la gravité de la situation actuelle au Niger ?

Je suis très triste. En tant que Nigérien, je trouve la situation difficile à observer.

Mais en tant qu’analyste, je peux dire avec certitude que ce qui s’est passé il y a deux semaines a plongé le Niger dans une nouvelle ère d’incertitude. Le pays est confronté à une insurrection terroriste islamiste en provenance du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. Le Niger est également l’une des nations les plus pauvres du monde, et le chômage facilite la radicalisation de nos jeunes. Nous ne sommes pas au paradis.

Mais par rapport à nos voisins, notre situation était bien meilleure. Pour la première fois dans notre histoire, un président a accompli deux mandats avant de céder le pouvoir lors d’élections démocratiques. Et le président Mohamed Bazoum a beaucoup fait pour stabiliser le pays et améliorer la sécurité. Je ne me souviens pas de la dernière attaque terroriste que nous ayons subie. Et malgré sa pauvreté, le Niger accueille 300 000 réfugiés d’autres pays, parce qu’il est sûr. Tout cela montre que le coup d’État n’était pas justifié et qu’il s’agit d’un revers politique majeur. Les militants actifs profiteront de l’instabilité qui en résultera.

Pourquoi le coup d’État a-t-il eu lieu ?

Ambition personnelle. La junte affirme que le coup d’État était motivé par la sécurité et la détérioration de l’économie. Mais certains affirment que le président était prêt à nommer un nouveau chef de la sécurité. Le chef de la sécurité, qui occupait son poste depuis 12 ans, devait partir, mais il a refusé et a déposé le président afin de conserver son pouvoir.

Faites-vous le lien entre ce coup d’État et d’autres dans la région du Sahel ?

Seulement à deux égards : Il y a une fragilité politique régionale générale et une mentalité de copier-coller. Les coups d’État ayant eu lieu au Mali et au Burkina Faso, les gens s’attendent à ce que cela se produise également ici. La jeunesse ouest-africaine nourrit un sentiment anti-français à l’égard du passé colonial, et certains ont brandi des drapeaux russes lors de manifestations.

Je ne sais pas si la Russie est derrière le coup d’État.

Mais la région est confrontée à l’influence extérieure exercée par la France, les États-Unis, les pays du Moyen-Orient et, plus récemment, la Russie. Le Niger est le principal allié occidental dans la région. En tant que pays francophone, nous avons de nombreux liens. On assiste à une nouvelle ruée sur l’Afrique, à la recherche de ses ressources naturelles.

Dans ce contexte, la France est souvent désignée comme bouc émissaire. Ce bouc émissaire est parfois valable, mais la France n’est pas responsable de tout. Et il n’est certainement pas juste de dire : « Remplaçons la France par la Russie ». C’est ce qui s’est passé au Mali et au Burkina Faso, et ces nations vont dans la mauvaise direction.

Comment cela se fait-il ?

L’instabilité politique. Depuis le coup d’État de 2012, le Mali ne s’est jamais relevé, les coups d’État se succédant les uns aux autres. Chaque nouveau dirigeant promet des solutions, mais le pays perd la bataille contre le terrorisme.

Le soulèvement social de 2014 au Burkina Faso a également conduit à un coup d’État militaire qui a tenté de résoudre les problèmes qui en résultaient, mais n’y est jamais parvenu. Une fois de plus, les coups d’État se sont succédé et aujourd’hui, le pays a perdu le contrôle de plus de la moitié de son territoire au profit d’insurrections militantes.

Pensez-vous que l’intervention militaire de la CEDEAO est nécessaire pour endiguer la vague de régimes militaires et l’instabilité qui en résulte ?

Non, cela aggraverait la situation. Une intervention militaire créerait le chaos et offrirait un refuge aux terroristes. Nous ne voulons pas d’une nouvelle Libye, frontalière du Niger, qui a fini par exporter la crise d’instabilité dans toute la région du Sahel. Qu’elle soit occidentale ou africaine, la guerre serait une erreur similaire.

Les chrétiens ont-ils exprimé leur opinion sur le coup d’État ?

Non, en tant que communauté religieuse, ils n’ont pas à le faire. Mais ils ont été inclus par la junte lors de la convocation des acteurs nationaux. Il s’agissait simplement de fournir des explications, et la junte a demandé à l’Église de prier pour la nation. Les églises évangéliques et catholiques ont lancé un appel à la prière pour une issue pacifique à la crise.

Les chrétiens nigériens n’ont pas d’opinion politique, mais ils s’opposent à l’imposition de sanctions économiques contre leur pays. Celles-ci affecteront tout le monde, comme le ferait une guerre. Mais pour la plupart, les chrétiens sont inquiets, craignant d’être parmi les premiers à payer le prix si le chaos se poursuit.

Pourquoi ?

En 2015, au moment des manifestations contre Charlie Hebdo en France, lorsque le magazine a publié des dessins satiriques de Mahomet, des manifestations ont également eu lieu au Niger. Les musulmans ont brûlé des drapeaux français et un centre culturel français, mais ils ont ensuite attaqué des églises, des maisons et des écoles chrétiennes. De nombreuses personnes associent les chrétiens aux Occidentaux et, une fois de plus, nous voyons des drapeaux français brûlés. C’est donc un signal d’alarme.

Comment les chrétiens s’intègrent-ils dans le tissu social du Niger ?

Ils représentent une infime minorité : 1 % de la population, contre 99. Et bien que le Niger soit un pays laïc où la liberté de religion est protégée par la constitution, les chrétiens sont souvent confrontés à des difficultés. Nous avons des dossiers de Nigériens qui se sont vu refuser des bourses d’études universitaires en raison de leurs noms chrétiens, par exemple.

Le christianisme catholique est apparu au XIXe siècle avec le colonialisme français, mais l’église protestante a été implantée en grande partie par des missionnaires américains. La plus grande dénomination – l’actuelle Église évangélique du Niger – est issue du travail de la SIM, venue du Nigeria.

Les baptistes sont également présents, principalement dans la région occidentale. Dans les années 1980, des groupes pentecôtistes de diverses parties du monde – France, États-Unis, Nigeria, Burkina et Côte d’Ivoire – sont venus au Niger et ont créé, entre autres, la dénomination des Assemblées de Dieu.

Mais dans l’ensemble, les chrétiens partagent la même pauvreté que tout le monde.

Quelle est votre histoire de foi ?

J’ai été élevé dans l’église évangélique. Mes parents ont fréquenté une école chrétienne et ont fini par se convertir. Ma famille élargie comprend des musulmans et des membres de religions traditionnelles, et nous vivons en paix ensemble.

Au collège, cependant, j’ai pris conscience de ma différence. Des camarades de classe m’ont demandé :  » Tu es nigérien, haoussa, comment peux-tu être chrétien ? J’ai commencé à me demander si ma foi n’était pas une erreur.

Mais au lycée, j’avais développé des convictions fortes, non seulement pour défendre ma foi, mais aussi pour défier les autres. Mes amis m’appelaient « le pape », en référence à Jean-Paul II, parce que je n’avais pas peur de faire face à la foule. Il faut être fort pour être chrétien au Niger, et lorsque je réfléchis à ma position actuelle en tant qu’avocat, c’est probablement ainsi que tout a commencé.

Quelle est la prochaine étape pour les chrétiens nigériens ?

Nous ne savons pas – le contexte est très fragile. Mais comme je l’ai dit, notre pays se porte mieux que ses voisins, la situation des chrétiens s’est également améliorée. Après 2015, le gouvernement a réagi aux émeutes pour renforcer les relations religieuses, et l’Église s’est jointe à la campagne nationale réussie visant à promouvoir la cohésion sociale. Aujourd’hui, les chrétiens sont présents dans la sphère publique, employés dans la fonction publique. Nous avons la liberté de prêcher, et même d’organiser de grandes réunions publiques.

La dernière fois que j’ai vécu au Niger, j’étais le responsable national de notre association de jeunes et nous organisions des camps d’été dans les églises et nos écoles protestantes. Aujourd’hui, les camps se déroulent dans des lieux publics, en présence de hauts fonctionnaires, et sont retransmis par les services publics de télévision et de radio.

Le coup d’État militaire est un revers. Mais jusqu’à présent, il n’y a aucune indication de rhétorique contre les chrétiens. Nous craignons l’instabilité et prions pour la paix. Si Dieu le veut, cette période d’incertitude prendra fin.

Crédit :

JAYSON CASPER| 11 août 2023

« Christiamism Today »

Traduction: FOMECAF

FREE COLLEGE et Radio R le 21 août : « Développer ses compétences pour prêcher en radio »

Radio R et le FREE COLLEGE proposent le samedi 21 août une journée de formation à la prédication radiophonique avec des professionnels de la radio. Depuis le début du semi-confinement en Suisse en mars 2020, Radio R, qui diffuse sur la DAB+, a ouvert son antenne le dimanche à des prédicateurs, pasteurs et membres d’Eglise, pour qu’ils ou elles apportent la prédication. Cette expérience s’est poursuivie depuis et a trouvé son public.

Réfléchir à un style de communication radio

Pour réfléchir à la manière de prendre la parole à la radio et pour améliorer les interventions des intervenants, Radio R et le FREE COLLEGE proposent une journée de formation pour réfléchir à un style de communication qui soit radiophonique, améliorer la qualité de l’expression des intervenants, offrir un espace bienveillant pour écouter ses propres prédications ou celles des autres afin de se perfectionner.

Une journée animée par des professionnels de la radio

Cette journée qui verra intervenir des professionnels de la radio comme Christine Reymond, Daniele Zagara et Serge Carrel est ouverte aux personnes intéressées par le fait de prêcher sur Radio R ou qui souhaiteraient tout simplement améliorer leur manière de prêcher. (c)

Télécharger le flyer

Le programme de la journée (À venir)

« Développer ses compétences pour prêcher en radio », une journée de réflexion coorganisée par Radio R à Yverdon-les-Bains et par le FREE COLLEGE le samedi 21 août 2021, de 9h à 17h. Lieu : Radio R, Galilée 15, Y-Parc, 1400 Yverdon-les-Bains. Prix : offrande volontaire. Inscription obligatoire : freecollege@lafree.ch ou sur le web. lafree.ch/free-college/journees

Remise du prix François Sergy à Dodji Juliette Kpessou

Dodji Juliette Kpessou reçoit le Prix d’encouragement François Sergy

A l’occasion du Séminaire de formation des radios chrétiennes de l’Afrique francophone, les organisateurs ont décidé d’octroyer à Dodji Juliette Kpessou, journaliste et animatrice à Radio Hosanna à Porto-Novo, le Prix d’encouragement François Sergy pour la réalisation de 50 capsules audio intitulées « L’O2Vie, une goutte chaque jour ».

« Ces réalisations de Dodji Juliette Kpessou témoignent de ce que nous souhaitons promouvoir : l’échange d’émissions entre radios chrétiennes d’Afrique francophone », a expliqué Emmanuel Ziehli, directeur de Radio Réveil.

Le Prix d’encouragement François Sergy a été lancé dans le cadre des semaines de Lomé pour la formation des acteurs des médias chrétiens de l’Afrique francophone. Il vise à récompenser les initiatives qui favorisent les échanges entre radios. Ce prix d’encouragement porte le nom du journaliste de Radio Réveil François Sergy, décédé en 2018.

Ecouter « L’O2Vie, une goutte chaque jour » sur RADIO R

Télévision togolaise

Les autorités togolaises saluent l’initiative de la formation radio

A Lomé, le séminaire a fait la Une de plusieurs médias, les représentants des autorités togolaises concernées saluant l’initiative de cette formation.

Durant une semaine, Emmanuel Ziehli, directeur de Radio Réveil, Serge Carrel, journaliste et formateur, Andrea Luzi, technicien, Christian Gaspoz de Radio ébène et développement, ainsi que le professeur Alphonse Teyabe ont partagé leurs connaissances avec un public exigeant et passionné. Chaque jour, des ateliers consacrés aux aspects pratiques de la radio et du métier de journaliste alternaient avec des réunions plénières ouvrant le débat sur des questions telles que la contribution des radios évangéliques à la mission ou encore l’éthique journalistique.

Organisée à l’occasion des 70 ans de l’association Radio Réveil, la rencontre a été mise sur pied en partenariat avec le Centre international chrétien d’étude, de recherche et d’information – CICERI de Lomé et l’association Radio ébène et développement en France.

Sur la TVT (Télévision togolaise) à Lomé

 

 

Alphonse Teyabe - Interview

Pour Alphonse Teyabe, «30 % de Jésus» sur les radios évangéliques d’Afrique francophone cela suffit !

Il a été l’un des intervenants les plus écoutés du Séminaire de formation des radios évangéliques d’Afrique francophone, du 14 au 18 janvier à Lomé (Togo). Le Camerounais Alphonse Teyabe (prononcer Téyabé) est à la fois pasteur, chercheur et consultant en communication. Auteur du livre « Eglise et média. Contribution des radios évangéliques à la mission », il esquisse ici le rôle que pourrait jouer la centaine de radios évangéliques d’Afrique francophone pour annoncer un Evangile intégral.

Reprise de l’article de Serge Carrel publié le 21 janvier 2019 sur lafree.info

Que faites-vous dans le domaine de la radio au nord du Cameroun ?

Depuis 2003, nous y implantons des radios. Actuellement, il y a une dizaine de stations évangéliques. Cette région est une zone enclavée, où il n’y a pas assez de moyens de communication. Cette zone sous-développée est sous l’influence de l’islam. Dans ce contexte, les radios sont un moyen efficace pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Evangile et apporter une contribution au développement de cette région à travers les différentes émissions que nous diffusons.

A partir de votre expérience au nord du Cameroun, quel est l’impact de ces radios confessionnelles évangéliques ?

Ces radios apportent une contribution réelle sur le plan spirituel, dans l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Le message que nous transmettons va au-delà des barrières culturelles et des frontières géographiques. Parfois, des femmes ne parviennent pas à sortir de chez elles pour des raisons religieuses. Le message les rencontre dans leur maison et elles sont édifiées. Ces femmes sont attachées à ces radios et suivent les différentes émissions qui leur apportent de l’épanouissement pour elles-mêmes et pour leurs enfants. Il y a donc un apport non seulement sur le plan spirituel, mais aussi sur le plan «politique», soit en lien avec la vie de la cité. Nous aidons effectivement l’Etat dans la gestion de la cité par rapport aux problèmes environnementaux, de santé, d’éducation…

Concrètement ?

En 2010, lors d’une épidémie de choléra, par exemple, le gouvernement s’est approché de nous. Voyant notre audience et l’impact que nous avions sur la population – dans le grand nord du Cameroun, la radio Salaaman fait plus d’audience que la radio d’Etat! – le gouvernement nous a demandé de produire des émissions en lien avec l’épidémie de choléra. Il s’agissait de sensibiliser toutes les couches de la population à cette maladie qui avait commencé à décimer certains villages. Au travers d’émissions spéciales, nous avons fait venir des médecins, des délégués de la santé… En quelques semaines, nous avons pu éradiquer complètement cette maladie de la région.

Diriez-vous que votre radio a été l’instrument no 1 de cette éradication ?

Nous avons contribué à cette éradication, parce que nous y avons mis les moyens. Suite à cela, l’Etat a été obligé de signer un partenariat avec notre radio…

Quand vous dites « obligé », qu’entendez-vous par là ?

Vu le travail que nous faisions sur le terrain et l’impact que nous avions, les représentants de l’Etat n’avaient pas d’autre choix que de passer par nous pour lutter ensemble contre ce fléau. Les gens sont aujourd’hui très sensibilisés à cette question et nous n’avons plus entendu parler de cette maladie. Nous avons continué ce travail dans le domaine de la santé, avec notamment un programme élargi de vaccination contre certaines maladies comme la poliomyélite.

Cette radio confessionnelle a donc bénéficié de fonds de l’Etat pour mener à bien ces campagnes ?

L’Etat a des moyens financiers pour mener à bien de tels programmes. Il a donc investi dans notre radio et contribué ainsi à son financement. On voit également venir d’autres partenaires : des ONG, des maires qui cherchent des appuis pour certaines causes… Dans notre grille de programme, nous avons réservé 30 pour cent du temps à la diffusion d’émissions évangéliques et 70 pour cent à des émissions sociales et de développement. Nous pensons que l’Evangile concerne l’être tout entier : le corps, l’âme et l’esprit. Tous ces aspects doivent être pris en compte. Voilà pourquoi, nous réservons 70 pour cent du temps d’antenne à des programmes de développement : sur l’éducation, la santé, l’agriculture…

Vous essayez aussi de rejoindre les jeunes filles qui quittent précocement l’école… Que faites-vous pour les encourager à poursuivre leur scolarité ?

Nous avons constaté que, dans le grand nord du Cameroun, les filles abandonnent leur scolarité déjà au niveau de l’école primaire, parce que leurs parents les envoient très jeunes en mariage. Cette société privilégie beaucoup plus les garçons que les filles. Plus de 70 pour cent de la population est ainsi analphabète. Il fallait vraiment intervenir et le faire rapidement. Nous avons mis sur pied des émissions pour sensibiliser les parents à ce problème, ainsi que des spots publicitaires. Parfois nous avons envoyé notre personnel sur le terrain rencontrer la population dans les maisons et sensibiliser les parents pour qu’ils envoient les jeunes filles à l’école. Nous avons aussi réalisé des émissions spécifiques d’alphabétisation au niveau des radios.

Quel a été l’impact sur la population ?

Aujourd’hui, nous voyons que davantage de jeunes filles sont scolarisées. Certaines sont même allées à l’université et trouvent de bonnes places de travail. Il y a des filles qui étaient « scotchées » à leur poste de radio. Nous avons donc fait venir des inspecteurs pédagogiques pour compléter les émissions diffusées…

Certaines jeunes filles sont donc derrière leur poste dans leur maison ou dans leur case, et suivent les cours comme à l’école…
Elles suivent ces émissions et, une fois par semaine, nous les regroupons dans un établissement scolaire en partenariat avec cette école pour aller un peu plus loin. Aujourd’hui, on a des filles qui ont passé le CEP, leur BEPC… Il y en a même une qui vient d’avoir son baccalauréat grâce à nos émissions. La mayonnaise a pris et ces émissions touchent même des jeunes filles dans des villages reculés. Cela a un impact réel sur la population et notre objectif est d’apporter notre contribution à la transformation de la société.

Cette répartition entre 30 pour cent d’émissions évangéliques et 70 pour cent d’émissions de développement, est-ce un modèle à suivre par les radios évangéliques d’Afrique francophone ?

A mon sens, il est important que nous partagions notre expérience avec les autres radios d’Afrique francophone. Nous souhaitons inviter tous les acteurs des radios évangéliques francophones à se mettre ensemble et à implémenter ce modèle que nous venons de présenter. Il peut avoir un impact réel dans la population en vue du développement de la cité.

Propos recueillis par Serge Carrel

Bio express d’Alphonse Teyabe

Alphonse Teyabe est pasteur, chercheur et consultant en communication au Cameroun. Il a lancé plusieurs radios dans le nord de ce pays et il accompagne plusieurs radios et TV en Afrique francophone. Alphonse Teyabe a obtenu un doctorat aux Etats-Unis avec une thèse parue sous le titre : « Eglise et média. Contribution des radios évangéliques à la mission » (Maurice, Editions universitaires européennes, 2017, 352 p.).

Il est aussi le secrétaire général des Groupes bibliques des élèves et des étudiants du Cameroun (GBEEC) et de l’Alliance des évangéliques du Cameroun (AEC).

Marié, il est père de 4 enfants.

Serge Carrel - opinion

Quel journalisme évangélique dans l’espace public ?

Un engagement au Togo pour la formation des journalistes des radios évangéliques d’Afrique francophone et les 20 ans de l’émission Hautes Fréquences sur RTS La Première, c’est l’occasion pour Serge Carrel de montrer que, dans les deux situations, le journalisme évangélique demande audace et professionnalisme.

Reprise de l' »Opinion » de Serge Carrel publié le 25 janvier 2019 sur lafree.info

Dans notre quotidien, il est des collisions d’expériences qui donnent à réfléchir sur notre pratique. La semaine dernière, j’étais l’un des animateurs du Séminaire de formation des radios évangéliques d’Afrique francophone à Lomé au Togo, un rassemblement de plus d’une centaine de personnes à l’instigation de Radio Réveil à Bevaix (NE). L’occasion de rencontrer des journalistes, des animateurs et des techniciens de la centaine de radios qui se définissent comme évangéliques en Afrique francophone. Dimanche soir dernier, RTS Religion marquait sur les ondes de La Première à 19h les 20 ans de Hautes Fréquences, l’émission-phare de l’équipe des émissions religieuses de la radio de service public.

En Afrique francophone comme en Suisse, quelle présence ?

Dans les deux situations, l’occasion de s’interroger sur la présence dans l’espace public des journalistes évangéliques. En Afrique francophone, les radios confessionnelles évangéliques ont le vent en poupe. Elles font dans leurs programmes une large place à la prédication de l’Evangile, aux reportages concernant les Eglises et à la musique chrétienne. Elles jouent un rôle important à l’intérieur de l’Eglise ou des Eglises, mais aussi dans l’espace public pour encourager l’émergence d’une identité et d’une réflexion communes sur les grandes questions du moment. En Suisse romande, de par l’engagement œcuménique et interreligieux de l’équipe des émissions religieuses et de par la disparition de la légitimité de la voix chrétienne au sein de la société, la posture de RTS Religion flirte davantage avec la sociologie religieuse qu’avec un regard chrétien sur la société. Pour preuve la présence dimanche soir d’un sociologue, Philippe Gonzalez, spécialiste des médias et du religieux, et non d’un théologien chrétien particulièrement affûté sur la manière de positionner la foi chrétienne dans un contexte pluraliste.

Professionnalisme et audace plus que jamais à l’ordre du jour

Dans cette collision d’expériences aux antipodes : une convergence. D’un côté des radios évangéliques africaines qui cherchent à déployer un discours public qui permette de quitter le « tout Eglise » et de rejoindre un maximum d’auditeurs, notamment en limitant « Jésus » à 30 pour cent des programmes et en laissant une place importante aux thématiques de développement, à un Evangile holistique et intégral (voir la Déclaration de Lomé et l’interview d’Alphonse Teyabe). Du côté suisse, des Eglises qui promeuvent – puisque les journalistes sont salariés par les Eglises et les frais de production payés par la RTS – un discours d’analyse du fait religieux à partir de perspectives et de valeurs chrétiennes, un discours légitimé par l’histoire de la Suisse romande et par une société qui cherche à comprendre le religieux, sans développer d’affiliation à une quelconque chapelle.

Dans ces deux contextes bien différents, le journalisme évangélique a sa place. En Afrique francophone comme en Suisse, il demande professionnalisme et audace. Il s’agit de sortir des voies toutes tracées des convictions molles et non articulées, pour chercher et exprimer un regard sur le monde marqué par les valeurs et l’espérance que le Christ fait naître au cœur de nos vies. Dans les deux cas : un véritable « challenge », comme on dit aujourd’hui !

Serge Carrel
Journaliste responsable de lafree.info
Ancien journaliste à Radio Réveil et à l’émission Hautes Fréquences de RTS Religion

Séminaire Lomé 2019

Afrique francophone : une centaine d’acteurs des radios évangéliques signent la Déclaration de Lomé

Du 14 au 18 janvier, plus de cent personnes impliquées dans les radios évangéliques d’Afrique francophone ont participé à un séminaire de formation à Lomé. A cette occasion, les participants ont signé une déclaration visant à promouvoir les relations entre radios évangéliques. Par la création immédiate d’une page Facebook et par la réflexion autour de la création d’une agence de presse évangélique et d’une Fédération des médias évangéliques d’Afrique francophone.

Reprise de l’article de Serge Carrel publié le 21 janvier 2019 sur lafree.info

Le vendredi 18 janvier à Lomé, des journalistes, des animateurs, des promoteurs, des techniciens de plus d’une trentaine de radios évangéliques d’Afrique francophone ont signé un document intitulé « La Déclaration de Lomé ».

Un groupe Facebook pour stimuler la collaboration

Ce document décide de la création d’un groupe électronique pour encourager les échanges personnels et professionnels entre les participants au Séminaire de formation des radios évangéliques d’Afrique francophone qui s’est tenu du 14 au 18 janvier à Lomé à l’initiative de Radio Réveil (Suisse). Cette déclaration met aussi sur la table la possibilité, à l’avenir, de créer un site d’échange de contenus radiophoniques et une agence de presse africaine, évangélique et francophone. En final, la Déclaration de Lomé propose la création d’une Fédération des médias évangéliques d’Afrique francophone.

Pour le Camerounais Alphonse Teyabe, auteur d’une thèse de doctorat sur « Eglise et média. Contribution des radios évangéliques à la mission » et intervenant de poids dans le cadre de la formation, « cette déclaration vise avant tout à encourager les différentes radios à se mettre ensemble pour faire équipe. Il est impératif que nous puissions affronter ensemble les différents obstacles qui sont devant nous : le manque de professionnalisme, la difficulté à promouvoir des programmes de radio holistiques ou marqués par la mission intégrale. » Le fondateur de plusieurs radios au nord du Cameroun salue également l’idée de la création future d’une fédération des médias évangéliques d’Afrique francophone, acceptée sans opposition par les participants.

Encourager une nouvelle attitude entre radios

« Cette rencontre a permis à des barrières de concurrence de tomber entre les radios évangéliques, ajoute Emmanuel Ziehli, directeur de Radio Réveil et instigateur de la rencontre. Un de nos autres soucis, c’est le fossé entre générations, entre les personnes nées dans les années 60 et 70 et les jeunes qui ne se reconnaissent pas dans les leaders plus âgés. Il s’agit pour nous d’encourager l’émergence de nouveaux leaders qui puissent communiquer la foi à la jeune génération. »

Emmanuel Ziehli envisage de mettre sur pied une deuxième édition de ce séminaire. Ce dernier pourrait avoir lieu en janvier prochain à Lomé. « Face à une Afrique francophone qui double de population tous les 25 ans, l’heure a sonné de la transmission du témoin, conclut Emmanuel Ziehli. Ce n’est plus aux « petits Suisses » ou aux Français de produire des émissions pour l’Afrique, mais aux Africains de relever ce défi. Radio Réveil souhaite apporter sa contribution en promouvant la formation sur place. »

Des radios de 9 pays

Du 14 au 18 janvier, Radio Réveil, producteur d’émissions évangéliques de radio pour l’ensemble de la francophonie à Bevaix en Suisse, a organisé à Lomé (Togo) à l’occasion de ses 70 ans un Séminaire de formation des radios chrétiennes d’Afrique francophone. Ce séminaire a été mis sur pied en partenariat avec le Centre international chrétien d’étude, de recherche et d’information (CICERI) de Lomé et Radios Ebène et développement en France. Plus d’une centaine de personnes actives ou intéressées par la production radiophonique et provenant du Cameroun, de la République démocratique du Congo, de Côte-d’Ivoire, du Burkina Faso, du Mali, du Bénin, du Niger, du Sénégal et du Togo, y a participé.

Serge Carrel

Télécharger « La Déclaration de Lomé » publiée à l’occasion du Séminaire de formation des radios chrétiennes d’Afrique francophone.