Accident tragique en Tanzanie : Blaise Gaitou nous a quittés.

Pontarlier, 28 février 2024

C’est avec une immense tristesse que Jeunesse en Mission (JEM) annonce le décès de onze de ses membres dans un accident de la route survenu le samedi 24 février près d’Arusha, en Tanzanie.

Un camion sans freins a percuté plusieurs véhicules, dont un bus transportant des participants à un séminaire de leaders. Le bilan est lourd : 25 personnes ont perdu la vie, dont onze membres de JEM. Parmi les victimes figure également Blaise Gaitou, membre du leadership de FOMECAF, et trois personnes ayant participé aux activités initiées par l’association Radio Réveil en Afrique francophone.

Blaise Gaitou a joué un rôle crucial dans le développement et le succès des activités de notre organisation en Afrique francophone. De 2016 à 2018, il a été un élément moteur de notre présence à Niamey, au Niger. Son engagement et son expertise ont permis de tisser des liens durables avec les acteurs locaux et de lancer des initiatives porteuses. En 2019, il a ensuite contribué de manière significative à l’implantation de notre organisation à Lomé, au Togo. Son implication dans la création de FOMECAF a été déterminante, tout comme ses interventions et formations auprès de nombreux professionnels des médias africains.

Blaise Gaitou artisan du vivre-ensemble

Au Niger, Blaise, d’origine musulmane, était un véritable artisan du vivre-ensemble. Il jouait un rôle essentiel de médiateur entre les différentes communautés et s’investissait avec passion dans la promotion du dialogue interreligieux. Parallèlement à ses activités, Blaise animait une émission sur la radio séculière « Nagarta » à Maradi, dans l’est du Niger. Cette émission, soutenue un temps par notre association, lui permettait de toucher un large public et de partager ses réflexions sur des thématiques sociales et culturelles importantes.

La disparition de Blaise est une perte immense pour notre organisation et pour l’ensemble de la communauté des professionnels des médias en Afrique francophone. Nous saluons sa mémoire et nous nous engageons à poursuivre son œuvre avec la même passion et le même dévouement.

Besoin de prières

L’association Radio Réveil exprime ses plus sincères condoléances aux familles et amis des victimes tout particulièrement à Jeannette, l’épouse de Blaise, et à leurs deux enfants. Nos pensées et nos prières les accompagnent en ces moments de profonde douleur.

Joële Zeller, responsable du mouvement de l’enfance de JEM, “Les Fabricants de Joie”, a également été grièvement blessée dans l’accident. Elle est en cours de rapatriement en Suisse par un avion ambulance. Nous appelons à la prière pour sa guérison et pour le soutien de sa famille.

Guy Zeller, son mari, qui se trouvait dans un bus suivant celui accidenté, n’a pas été blessé physiquement mais a été témoin du drame. Nous lui apportons tout notre soutien.

Emmanuel Ziehli, président

Réécouter Blaise Gaitou au micro de Serge Carrel
https://radioreveil.ch/episode/blaise-gaitou-il-y-avait-jesus-dans-mon-reve/

Communiqué de presse du FOMECAF :
https://medias.africa/2024/02/25/communique-du-fomecaf/

Hommage à Blaise Gaitou :
https://medias.africa/2024/02/26/blaise-gaitou-lhomme-qui-vivait-la-foi-chretienne/

Plus sur l’accident : https://www.letemps.ch/monde/au-moins-25-personnes-tuees-dans-un-accident-routier-en-tanzanie-une-suissesse-blessee

Le matin de l’accident, Blaise publiait cet encouragement sur son compte Facebook. Nous vous le laissons :

« APRÈS AVOIR BIEN LUTTÉ, VOUS RESTEREZ DEBOUT » Éphésiens 6.13, PDV

Trois armes redoutables pour vaincre l’adversaire:

  1. Le bouclier de la foi: Imaginez les chariots des colons encerclés par les flèches enflammées des Indiens. Impossible de combattre le feu et l’ennemi en même temps ! Les flèches, une diversion diabolique. Satan utilise la même stratégie. Mais la foi en la Parole de Dieu éteint ses traits enflammés.
  2. Le casque du salut: Protégez votre esprit ! Face aux doutes instillés par Satan, ripostez avec l’assurance de votre identité en Christ : enfant de Dieu racheté, pardonné, juste et citoyen du ciel.
  3. L’épée de l’Esprit, la parole de Dieu: Il ne s’agit pas du logos écrit, mais du rhéma, la parole dite à voix haute. Proclamez la Parole de Dieu pour terrasser Satan ! N’oubliez pas, il a tenté Jésus trois fois dans le désert, et trois fois, Jésus l’a repoussé avec « Il est écrit » (Matthieu 4.4-10). La Parole de Dieu est son arme fatale !

Terrorisme en Afrique : « l’existence même de certains Etats comme le Burkina-Faso est aujourd’hui menacée ».

Illia Djadi est expert des droits humains et analyste stratégique auprès de l’ONG Portes Ouvertes à Londres. Il était à Lomé, la capitale du Togo, du 20 au 24 février passé en qualité d’orateur principal du cinquième séminaire organisé conjointement par le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) et l’Association suisse Radio Réveil. Cette année, 70 acteurs en provenance de 15 pays d’Afrique se sont réunis pour s’entretenir, 5 jours durant, d’une thématique on ne peut plus d’actualité : « Médias, outils de paix dans un Monde en conflit ». Il dresse un tableau plutôt sombre de la situation en Afrique subsaharienne. Rencontre.

Emmanuel Ziehli (EZ) – L’ONG pour laquelle vous travaillez « Portes Ouvertes » vient de publier son index de la persécution des chrétiens dans le Monde. Quelle est votre lecture de la situation ici où nous nous trouvons en Afrique subsaharienne ?

Illia Djadi (ID) – Lorsque l’on considère l’index de cette année et en particulier la situation sur le terrain, l’on observe une montée croissante de l’insécurité et de la persécution liée à l’insurrection islamique. A travers l’Afrique, plus précisément au sud du Sahara se trouve une multitude d’acteurs, groupes islamistes actifs dans cette sous-région qui affectent le « vivre ensemble » pacifique constituant l’une des principales sources de persécution. Une persécution qui est violente qui affecte les communautés religieuses minoritaires, plus particulièrement les chrétiens.

EZ – En particulier vous mettez en évidence une corrélation entre le changement climatique et l’insécurité, comment est-ce possible ?.

ID – Les pays du Sahel, plus précisément le Sahel central, le Burkina-Faso, le Niger, le Mali, sont les pays les plus affectés pour ne citer que ces trois-là. Ils ont ceci en commun d’être parmi les plus pauvres et que, même en temps normal, ils sont durement affectés par le changement climatique en termes de sécheresse et inondations et son corolaire la famine. Ces régions sont confrontées à ces dures réalités climatiques qui affectent plus particulièrement les communautés nomades et pastorales qui les peuplent. Le mode d’élevage, les troupeaux sont directement impactés par la raréfaction des ressources naturelles. L’accès à l’eau et aux pâturages deviennent une source de conflits. Les communautés Peuls et Touaregs, les couches les plus fragiles, sont les plus affectées par les conséquences du changement climatique. Autre corolaire, on observe que ce sont des membres de ces mêmes communautés qui grossissent les rangs des groupes terroristes. Les plus fragiles sont également les plus exposées à la manipulation, à l’endoctrinement et finalement au recrutement au sein de ces groupes.

EZ – Vous affirmiez pendant ce séminaire que ces groupes ne semblent pas si homogènes que nous aurions tendance à le percevoir depuis l’Europe ?

ID -Lorsque l’on observe la cartographie de la violence, on se rend compte qu’il existe une multitude d’acteurs. De nombreux groupes armés sont actifs. Au Sahel, on peut citer notamment deux groupes : le groupe « État islamique au grand Sahara » d’une part et le groupe de « soutien à l’Islam et aux musulmans » rattaché à Al-Qaïda d’autre part. On observe donc que ces 2 grandes familles terroristes sont représentées. Au-delà de l’idéologie islamiste d’interprétation radicale que ces 2 groupes ont de l’islam, ce sont deux acteurs qui s’opposent, 2 entités qui se font la guerre et se battent en une guerre fratricide dans le but de s’assurer le contrôle de ces zones afin d’y établir un « califat ». Assurer le contrôle des routes de ces régions permet l’éclosion de trafics en tous genres. Une économie criminelle s’est développée dans des régions devenues de « non droit » où trafic de drogue, trafic d’êtres humains, trafic de tabac et trafic d’armes prolifèrent. Cette économie criminelle est très lucrative et finance les activités de ces groupes. Ils s’affrontent donc pour assurer le contrôle de ces ressources.

EZ – Au-delà de la destruction du tissu social et de ce « vivre ensemble », vous allez jusqu’à alerter sur une menace existentielle de certains pays. Est-ce que vous ne forcez pas un peu le trait ?

ID -Il ne faut pas craindre les mots mais faire une bonne lecture de la situation sur le terrain et de ce qui s’y passe vraiment.  Aujourd’hui, les communautés qui peuplent ces régions, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes, ont pour habitude séculaire de vivre en paix les unes avec les autres. Il existe une longue tradition de cohésion sociale et de cohabitation pacifique qui aujourd’hui sont malheureusement menacées. Les groupes djihadistes attisent des conflits locaux latents, des fractures sociales, les amplifient et les exploitent en attisant la division. On observe dès lors qu’au Mali, au Burkina-Faso ou au Niger ces groupes gagnent du terrain et que leur occupation territoriale inquiète au plus haut point. Plus de 40% du territoire du Burkina-Faso est à ce jour passé sous le contrôle de groupes terroristes.

EZ Au sein même de ces territoires « occupés » quelles sont les cibles privilégiées par ces groupes terroristes ?

Ces groupes ont en commun une idéologie islamique qu’ils professent, celle de « vouloir établir un état islamique ». Ils s’attaquent donc prioritairement aux chrétiens donc aux non-musulmans. Mais ils s’en prennent également aux musulmans dits « modérés » qui ne partagent pas cette lecture radicale de l’islam. Ils s’attaquent encore aux écoles synonymes pour eux de l’éducation occidentale chrétienne. Le nom de l’un de ces groupes hélas bien connu « Boko Haram », qui littéralement traduit de l’arabe veut dire « éducation occidentale prohibée » ou « l’école est prohibée » témoigne de leurs intentions. Lorsque l’on considère le Sahel central que je cite assez souvent, à savoir la zone la plus durement frappée par les activités terroristes, on se rend compte qu’au Burkina-Faso par exemple 6000 écoles sont aujourd’hui fermées. Un million d’enfants sont déscolarisés. Cette situation laisse craindre un effet domino à savoir qu’à l’horizon d’un an ou deux ces enfants fragilisés viendront grossir les rangs des groupes terroristes. Ils sont des proies faciles à l’endoctrinement. Il est urgent de réagir à cette situation.

EZ – Vous êtes également membre des responsables de FOMECAF et ancien journaliste de la BBC pour l’Afrique, pensez-vous réellement qu’un média puisse apporter une contribution à la paix dans cette région ?

ID – L ’histoire récente de l’Afrique et plus particulièrement l’évolution des médias démontrent qu’ils sont des outils puissants. Plus particulièrement la radio qui est le média de l’Afrique. Malgré l’avènement des réseaux sociaux et d’autres types de médias, elle reste le support de communication dominant. Je citerai le rôle destructeur opéré lors du génocide au Rwanda par la « Radio et Télévision Mille Collines » qui a attisé le feu et la haine et conduit à des actes que beaucoup ont regretté plus tard. En 2023 on aimerait dire mais plus jamais ça ! La radio peut jouer un rôle constructif et pacifique, promouvoir la paix et le vivre ensemble. C’est la raison du choix du thème du séminaire de FOMECAF en 2023. Quelle peut être leur contribution ? Je crois fermement que les médias et les professionnels de ces médias ont un rôle à jouer ! C’est la raison pour laquelle ils ont été interpellés ici à Lomé une semaine durant. Les médias doivent pouvoir jouer leur partition et user de ces outils puissants de communication et qui ont une influence sur les communautés dans l’objectif d’envoyer un message de paix. Il ne faut pas laisser le terrain vide et permettre à d’autres de l’occuper. Les groupes djihadistes font un usage concret de la communication pour influencer, recruter, endoctriner et transmettre un message de haine et de violence. Nous pensons que nous pouvons renverser cette tendance en faisant un bon usage des médias, particulièrement dans l’optique du vivre ensemble.

EZ – A l’issue de ce séminaire, êtes-vous confiant que les journalistes et autres spécialistes rencontrés ici à Lomé seront à même de relever de défi des années qui viennent ?

ID – L’objectif principal était d’abord d’éveiller les consciences et d’attirer leur attention sur ce qui se passe vraiment. En êtes-vous conscient ? Je peux affirmer, sans risque de me tromper, que le message est passé ! La prise de conscience d’un problème doit désormais engendrer une vision ainsi que la mise en œuvre d’un plan d’action. Il faut travailler à développer des stratégies coordonnées qui passe par le renforcement des capacités et le message de la paix. Il faut former de vrais professionnels des médias aptes à réaliser un traitement équilibré de l’information en particulier à trier le vrai du faux. Dieu seul sait à quel point aujourd’hui la désinformation est un souci principal. Le professionnalisme des médias mais surtout des personnes formées travaillant avec des équipements appropriés seront à même de faire face aux défis qui sont les leurs. Il s’agit donc d’un processus dont la 5ème édition de ces rencontres n’est que le début.

EZ – Le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) a revu ses priorités pour 2023 et projette l’organisation d’un séminaire à Ouagadougou. Quelle est la motivation d’un tel choix ?

ID – C’est un choix logique et le fruit de concertations en marge de cette rencontre. Le constat a été fait et la cartographie comprise. Les responsables de FOMECAF se sont rendu compte que le Burkina est durement frappé au point même que son existence est menacée.  Ce pays a perdu plus de 40% de son territoire au profit des groupes djihadistes. Nous voulons une réponse adéquate à l’urgence de cette situation. Notre présence ne permettra sans doute pas de régler tous les problèmes des Burkinabés. Nous voulons être présents pour leur dire que nous sommes conscients de leur douleur et que nous compatissons au traumatisme qui est le leur. Être à Ouagadougou c’est envoyer un signal, un message de compassion mais l’idée aussi de créer une situation pour qu’un maximum de professionnels des médias puissent participer à la rencontre, être outillés et puissent ensuite jouer un rôle déterminant dans le contexte qui est le leur. Nous voulons leur proposer d’être des acteurs de paix à travers leurs médias.

EZ – En marge de la publication en décembre dernier de l’index de la persécution par votre ONG « Portes Ouvertes » vous avez eu une rencontre très particulière dans une église évangélique de Londres avec le roi Charles 3 d’Angleterre. Quels souvenirs en gardez-vous ?

ID – D’abord c’était un honneur de pouvoir rencontrer une telle personnalité. De voir quelqu’un comme lui s’intéresser et être à l’écoute des chrétiens persécutés, sensible aux dures réalités que vivent ces communautés affectées par le phénomène de l’intégrisme et de l’insurrection islamiste m’a rempli de joie. Mon message vis-à-vis du roi Charles 3 d’Angleterre était de le rendre attentif à l’urgence de la situation.
Il y a urgence aujourd’hui au Sahel. L’existence des pays du Sahel, plus précisément du Sahel central, est menacée. Cette région est devenue le nouvel épicentre du djihadisme mondial. Nous assistons à une crise humanitaire de grande ampleur. Au Burkina-Faso on enregistre déjà plus de 2 millions de déplacés internes ! Comparé aux autres crises majeures telles que l’Afghanistan ou au Moyen-Orient, là où des coalitions internationales se sont formées pour combattre les talibans ou Daesh, une telle mobilisation n’existe pas pour le Sahel. L’attention n’est pas la même et la crainte que cette crise soit oubliée malgré son urgence est réelle. C’était mon message vis-à-vis de ce grand leader détenteur d’un pouvoir pour influencer.
Il faut agir dès à présent. Il faut s’intéresser à la situation du Sahel c’est une question de sécurité régionale bien sûr, mais de sécurité internationale avant tout. L’enjeu est global. L’impact de cette crise peut s’étendre à l’ensemble du continent. On observe déjà une extension des conflits vers des pays comme le Nigeria. Ce pays est « les États-Unis de l’Afrique », la première puissance économique du Continent, le pays le plus peuplé avec plus de 200 millions d’habitants. Imaginez que le Nigéria s’effondre en tant qu’Etat ! On assistera à une crise majeure qui affectera l’ensemble de l’Afrique et atteindra l’Europe également. Pensez-y-en termes d’immigration, de sécurité, mais encore en termes de trafic de drogue qui gangrène l’Afrique. En raison des problèmes de gouvernance, de ce vide laissé par des Etats qui ont failli, les routes de la drogue acheminée de l’Amérique Latine et d’autres pays qui transitent par l’Afrique. Cette drogue se retrouve ensuite sur le marché européen et est consommée en Suisse ou ailleurs en Europe. Il faut arrêter ce trafic et agir pour résoudre ce problème à sa source.

EZ – Cette rencontre avec le roi Charles 3 d’Angleterre a eu lieu dans une église éthiopienne, pourquoi ce choix ?

ID – C’est un symbole fort et un choix qui n’est pas anodin. Quand on considère la situation de l’Ethiopie et plus particulièrement de l’Erythrée, un pays en proie à une crise humanitaire, à des violences sans précédent qui affectent des milliers de personnes, c’est un message fort à l’endroit des chrétiens persécutés en Afrique de l’Est. L’Erythrée reste l’un des pays les plus affecté en termes de persécution. On a l’habitude de la désigner comme « la Corée du Nord de l’Afrique » où les minorités religieuses, chrétiennes en particulier, subissent une persécution d’Etat. Organiser ce culte dans cette communauté était un message envoyé aux chrétiens persécutés pour leur dire que nous compatissons, que nous sommes avec eux. Constater la joie qu’a procuré le choix porté sur cette église de la diaspora à Londres faisait chaud au cœur. Cela a renforcé leur moral. Mais au-delà, c’est à toute l’église d’Afrique de l’Est et d’Afrique subsaharienne à qui ce message était envoyé. Face à ce terrorisme qui affecte le vivre ensemble, face à la persécution qui vous touche si durement sachez que vous n’êtes pas seuls !

Crédit photo : Koudousse Moustapha – KDS – 2023

Forum des médias chrétiens en Afrique francophone : La paix au cœur des discussions

Du 30 octobre au 1er novembre 2023, Ouagadougou accueillera le sixième séminaire organisé par le Forum des Médias Chrétiens en Afrique Francophone (FOMECAF). Le thème de la conférence est « Médias chrétiens, outils de paix dans un monde plein de conflits. »

Après cinq éditions à Lomé au Togo, le séminaire organisé par le Forum des Médias Chrétiens en Afrique Francophone (FOMECAF) se décentralise et se déroule pour la première fois au Burkina Faso. 70 candidats venus de 6 pays dont le Burkina Faso, le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Togo, le Mali et le Niger y ont participé.

La présidente de la FOMECAF, Olivia Beugré, a déclaré que l’actualité dans certains pays d’Afrique francophone est pleine de crises et de tensions, telles que les crises sociopolitiques, les crises migratoires et climatiques, le terrorisme, entre autres.

Olivia Beugré, Présidente de la FOMECAF

Les médias pour la paix

Le symposium de cette année, sur le thème «médias chrétiens, outils de paix dans un monde de conflits», est donc l’occasion de s’interroger sur ce que font les médias chrétiens dans ces moments fragiles. «Qu’il s’agisse des médias traditionnels ou des réseaux sociaux, ils ont la responsabilité de rapporter les événements de manière objective et équilibrée, de promouvoir le dialogue et la réconciliation et de contribuer à la construction d’une société pacifique et harmonieuse. Cependant, les médias peuvent également être utilisés de manière destructrice. Désinformation, discorde, haine et la manipulation de l’opinion publique peut exacerber les conflits», a déclaré Mme Beugré.

Une thématique qui rejoint celle du gouvernement burkinabé

Le ministre était représenté à cette réunion par Boukary Nitiema, chef de la délégation du ministère de la communication. Ce dernier a souligné «que dans des contextes caractérisés par le terrorisme comme ceux des pays sahéliens (Burkina Faso, Mali, Niger), les médias, tant laïcs que religieux, ont un rôle immense à jouer pour «déconstruire les éléments de terreur», renforcer la résilience des populations et soutenir les actions entreprises par les États pour vaincre à terme l’obscurantisme.» Il s’est donc félicité de la pertinence de ce thème qui, selon lui, s’inscrit dans les priorités de communication du Gouvernement du Burkina Faso.

Les médias comme outils au service des populations

Parrain de la manifestation, le président du CSC, Abdoulazize Bamogo, s’est également félicité du thème du séminaire, rappelant que les médias chrétiens sont impliqués à travers divers instruments pour les aider dans ce combat à jouer leur rôle dans le cadre de ce séminaire. Combattre le terrorisme. «Au Burkina Faso, nous engageons les médias chrétiens à adopter des outils qui les aideront à faire une différence face aux défis sécuritaires et aux tensions communautaires que nous vivons. Le but de ces outils est d’examiner l’engagement de ces médias qui font passer le message. de la religion, la parole de Dieu. Comment les investisseurs peuvent-ils aider un pays en situation de fragilité», a-t-il suggéré. Il a également félicité les médias confessionnels, qui selon lui sont professionnels car rarement interrogés pour des violations éthiques et professionnelles, et les a invités à maintenir le cap.

Mamadou Karambiri – parrain de la manifestation

Proche des réalités du Burkina Faso

Olivia Beugré, Présidente du Bureau du FOMECAF a déclaré que le Burkina Faso a choisi d’accueillir cette édition des séminaires du FOMECAF en réponse à la nécessité d’accompagner le pays dans les moments difficiles qu’il traverse. Par conséquent, le FOMECAF espère pouvoir rester proche de la réalité que vit le Burkina Faso, exprimer sa compassion et sa sympathie à l’Église et au peuple burkinabé blessé, et à terme offrir des séances de participation au plus grand nombre possible de professionnels des médias au Burkina Faso, ainsi que des opportunités d’aider, de bénéficier des formations qui y sont dispensées et de contribuer au débat à travers leurs témoignages.

A propos du FOMECAF

Pour mémoire, le FOMECAF a été lancée à Lomé, au Togo, en 2019, après une réunion de commémoration du 70e anniversaire de Radio Réveil, d’origine suisse, et se consacre à la diffusion du message du Christ, de la paix, de la réconciliation et de la coexistence pacifique en Francophonie. Chaque édition des conférences de Lomé, au total 6,  ont regroupées environ 150 professionnels de la radio travaillant dans les radios confessionnelles africaines francophones.

Les participants à ce réseau ont exprimé leur espoir qu’à l’avenir, la programmation de la radio confessionnelle ne se concentre pas uniquement sur la religion à l’antenne, mais tienne également compte des besoins spécifiques de la population. Emmanuel Ziehli, président de Radio Réveil, explique : « plus de prêches radiophoniques sans les actes qui les précèdent ».

Crédit photo : Koudousse Moustapha – KDS – 2023

Nous ne sommes pas au paradis : Un analyste nigérien explique l’inquiétude des chrétiens après le coup d’État

Face à la guerre en Afrique de l’Ouest et aux sanctions occidentales, la minorité chrétienne de la région du Sahel, en proie aux djihadistes, prie intensément pour la paix.

Le coup d’État militaire au Niger est entré dans sa troisième semaine. Quatre jours après le putsch du 26 juillet, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), composée de 15 membres, a menacé d’intervenir militairement si la démocratie n’était pas rétablie dans les sept jours

Cette échéance est passée et les dirigeants réfléchissent encore à leurs options tout en imposant des sanctions contre la junte, le groupe de responsables militaires qui a pris le pouvoir. Mais inquiets de ce septième coup d’État dans la région du Sahel depuis 2020, les dernières nations démocratiques d’Afrique de l’Ouest estiment qu’elles doivent tracer une ligne dans le sable.

Les pays voisins, le Mali et le Burkina Faso, tous deux dirigés par des militaires après leurs récents coups d’État, ont averti que toute intervention étrangère au Niger serait considérée comme un acte de guerre à leur encontre.

Le Niger a subi sa dernière tentative de coup d’État en 2021, juste avant que le président élu – aujourd’hui déchu – ne prête serment. L’ancienne colonie française était le dernier bastion de la coopération militaire occidentale contre les militants djihadistes au Sahel, dans un contexte d’expansion de l’influence régionale de la Russie par l’intermédiaire de son unité mercenaire Wagner. Le Niger, quant à lui, est le septième producteur mondial d’uranium.

« Christianism Today » a interviewé Illia Djadi, analyste principal de Portes Ouvertes pour la liberté de religion et de croyance en Afrique subsaharienne. Bien qu’il réside à Londres, il est citoyen du Niger, pays classé 28e sur la liste de World Watch des 50 nations où il est le plus difficile d’être chrétien. M. Djadi a présenté le contexte régional, décrit la situation difficile des chrétiens, mais qui s’améliore, et a lancé un appel fort contre l’intervention militaire :

Quelle est la gravité de la situation actuelle au Niger ?

Je suis très triste. En tant que Nigérien, je trouve la situation difficile à observer.

Mais en tant qu’analyste, je peux dire avec certitude que ce qui s’est passé il y a deux semaines a plongé le Niger dans une nouvelle ère d’incertitude. Le pays est confronté à une insurrection terroriste islamiste en provenance du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. Le Niger est également l’une des nations les plus pauvres du monde, et le chômage facilite la radicalisation de nos jeunes. Nous ne sommes pas au paradis.

Mais par rapport à nos voisins, notre situation était bien meilleure. Pour la première fois dans notre histoire, un président a accompli deux mandats avant de céder le pouvoir lors d’élections démocratiques. Et le président Mohamed Bazoum a beaucoup fait pour stabiliser le pays et améliorer la sécurité. Je ne me souviens pas de la dernière attaque terroriste que nous ayons subie. Et malgré sa pauvreté, le Niger accueille 300 000 réfugiés d’autres pays, parce qu’il est sûr. Tout cela montre que le coup d’État n’était pas justifié et qu’il s’agit d’un revers politique majeur. Les militants actifs profiteront de l’instabilité qui en résultera.

Pourquoi le coup d’État a-t-il eu lieu ?

Ambition personnelle. La junte affirme que le coup d’État était motivé par la sécurité et la détérioration de l’économie. Mais certains affirment que le président était prêt à nommer un nouveau chef de la sécurité. Le chef de la sécurité, qui occupait son poste depuis 12 ans, devait partir, mais il a refusé et a déposé le président afin de conserver son pouvoir.

Faites-vous le lien entre ce coup d’État et d’autres dans la région du Sahel ?

Seulement à deux égards : Il y a une fragilité politique régionale générale et une mentalité de copier-coller. Les coups d’État ayant eu lieu au Mali et au Burkina Faso, les gens s’attendent à ce que cela se produise également ici. La jeunesse ouest-africaine nourrit un sentiment anti-français à l’égard du passé colonial, et certains ont brandi des drapeaux russes lors de manifestations.

Je ne sais pas si la Russie est derrière le coup d’État.

Mais la région est confrontée à l’influence extérieure exercée par la France, les États-Unis, les pays du Moyen-Orient et, plus récemment, la Russie. Le Niger est le principal allié occidental dans la région. En tant que pays francophone, nous avons de nombreux liens. On assiste à une nouvelle ruée sur l’Afrique, à la recherche de ses ressources naturelles.

Dans ce contexte, la France est souvent désignée comme bouc émissaire. Ce bouc émissaire est parfois valable, mais la France n’est pas responsable de tout. Et il n’est certainement pas juste de dire : « Remplaçons la France par la Russie ». C’est ce qui s’est passé au Mali et au Burkina Faso, et ces nations vont dans la mauvaise direction.

Comment cela se fait-il ?

L’instabilité politique. Depuis le coup d’État de 2012, le Mali ne s’est jamais relevé, les coups d’État se succédant les uns aux autres. Chaque nouveau dirigeant promet des solutions, mais le pays perd la bataille contre le terrorisme.

Le soulèvement social de 2014 au Burkina Faso a également conduit à un coup d’État militaire qui a tenté de résoudre les problèmes qui en résultaient, mais n’y est jamais parvenu. Une fois de plus, les coups d’État se sont succédé et aujourd’hui, le pays a perdu le contrôle de plus de la moitié de son territoire au profit d’insurrections militantes.

Pensez-vous que l’intervention militaire de la CEDEAO est nécessaire pour endiguer la vague de régimes militaires et l’instabilité qui en résulte ?

Non, cela aggraverait la situation. Une intervention militaire créerait le chaos et offrirait un refuge aux terroristes. Nous ne voulons pas d’une nouvelle Libye, frontalière du Niger, qui a fini par exporter la crise d’instabilité dans toute la région du Sahel. Qu’elle soit occidentale ou africaine, la guerre serait une erreur similaire.

Les chrétiens ont-ils exprimé leur opinion sur le coup d’État ?

Non, en tant que communauté religieuse, ils n’ont pas à le faire. Mais ils ont été inclus par la junte lors de la convocation des acteurs nationaux. Il s’agissait simplement de fournir des explications, et la junte a demandé à l’Église de prier pour la nation. Les églises évangéliques et catholiques ont lancé un appel à la prière pour une issue pacifique à la crise.

Les chrétiens nigériens n’ont pas d’opinion politique, mais ils s’opposent à l’imposition de sanctions économiques contre leur pays. Celles-ci affecteront tout le monde, comme le ferait une guerre. Mais pour la plupart, les chrétiens sont inquiets, craignant d’être parmi les premiers à payer le prix si le chaos se poursuit.

Pourquoi ?

En 2015, au moment des manifestations contre Charlie Hebdo en France, lorsque le magazine a publié des dessins satiriques de Mahomet, des manifestations ont également eu lieu au Niger. Les musulmans ont brûlé des drapeaux français et un centre culturel français, mais ils ont ensuite attaqué des églises, des maisons et des écoles chrétiennes. De nombreuses personnes associent les chrétiens aux Occidentaux et, une fois de plus, nous voyons des drapeaux français brûlés. C’est donc un signal d’alarme.

Comment les chrétiens s’intègrent-ils dans le tissu social du Niger ?

Ils représentent une infime minorité : 1 % de la population, contre 99. Et bien que le Niger soit un pays laïc où la liberté de religion est protégée par la constitution, les chrétiens sont souvent confrontés à des difficultés. Nous avons des dossiers de Nigériens qui se sont vu refuser des bourses d’études universitaires en raison de leurs noms chrétiens, par exemple.

Le christianisme catholique est apparu au XIXe siècle avec le colonialisme français, mais l’église protestante a été implantée en grande partie par des missionnaires américains. La plus grande dénomination – l’actuelle Église évangélique du Niger – est issue du travail de la SIM, venue du Nigeria.

Les baptistes sont également présents, principalement dans la région occidentale. Dans les années 1980, des groupes pentecôtistes de diverses parties du monde – France, États-Unis, Nigeria, Burkina et Côte d’Ivoire – sont venus au Niger et ont créé, entre autres, la dénomination des Assemblées de Dieu.

Mais dans l’ensemble, les chrétiens partagent la même pauvreté que tout le monde.

Quelle est votre histoire de foi ?

J’ai été élevé dans l’église évangélique. Mes parents ont fréquenté une école chrétienne et ont fini par se convertir. Ma famille élargie comprend des musulmans et des membres de religions traditionnelles, et nous vivons en paix ensemble.

Au collège, cependant, j’ai pris conscience de ma différence. Des camarades de classe m’ont demandé :  » Tu es nigérien, haoussa, comment peux-tu être chrétien ? J’ai commencé à me demander si ma foi n’était pas une erreur.

Mais au lycée, j’avais développé des convictions fortes, non seulement pour défendre ma foi, mais aussi pour défier les autres. Mes amis m’appelaient « le pape », en référence à Jean-Paul II, parce que je n’avais pas peur de faire face à la foule. Il faut être fort pour être chrétien au Niger, et lorsque je réfléchis à ma position actuelle en tant qu’avocat, c’est probablement ainsi que tout a commencé.

Quelle est la prochaine étape pour les chrétiens nigériens ?

Nous ne savons pas – le contexte est très fragile. Mais comme je l’ai dit, notre pays se porte mieux que ses voisins, la situation des chrétiens s’est également améliorée. Après 2015, le gouvernement a réagi aux émeutes pour renforcer les relations religieuses, et l’Église s’est jointe à la campagne nationale réussie visant à promouvoir la cohésion sociale. Aujourd’hui, les chrétiens sont présents dans la sphère publique, employés dans la fonction publique. Nous avons la liberté de prêcher, et même d’organiser de grandes réunions publiques.

La dernière fois que j’ai vécu au Niger, j’étais le responsable national de notre association de jeunes et nous organisions des camps d’été dans les églises et nos écoles protestantes. Aujourd’hui, les camps se déroulent dans des lieux publics, en présence de hauts fonctionnaires, et sont retransmis par les services publics de télévision et de radio.

Le coup d’État militaire est un revers. Mais jusqu’à présent, il n’y a aucune indication de rhétorique contre les chrétiens. Nous craignons l’instabilité et prions pour la paix. Si Dieu le veut, cette période d’incertitude prendra fin.

Crédit :

JAYSON CASPER| 11 août 2023

« Christiamism Today »

Traduction: FOMECAF

OUAGA 2023, le premier des séminaires décentralisés du FOMECAF

Le Leadership du FOMECAF a le plaisir d’informer les acteurs de médias chrétiens d’Afrique francophone de la tenue d’un séminaire décentralisé dénommé OUAGA 2023 du 30 octobre au 03 novembre 2023 à Ouagadougou au Burkina Faso.

Dans le but de rapprocher de plus en plus ses actions des pays sympathisants et de soutenir plus efficacement le travail au plan national, le Forum organise, cette année, avec la complicité de Radio Réveil, une rencontre décentralisée dans la capitale du Burkina Faso, l’un des théâtres actuels de conflit dans la sous-région.

Placé sous le thème : Médias, outils de paix dans un monde en conflit – OUAGA 2023, ce séminaire fait suite au souhait ardent du FOMECAF d’outiller et de responsabiliser les acteurs de médias chrétiens dans un rôle de prévention et d’apaisement des conflits sur le continent à travers leur plan d’actions.

Les participants à OUAGA 2023 viendront essentiellement des pays voisins du Burkina Faso, le pays organisateur. Il s’agit notamment du Benin, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger puis du Togo.

Les leaders du Forum des Médias Chrétiens d’Afrique Francophone exhorte de ce fait les acteurs de médias à continuer d’exploiter les outils déjà mis à leur disposition et toujours disponibles sur les canaux officiels de l’organisation :

Medias Africa : https://medias.africa/tv/
YouTube : https://www.youtube.com/@fomecaf6161
Facebook : https://www.facebook.com/fomecaf
Toutes les voix du FOMECAF s’accordent pour inviter les uns et les autres à continuer de prier et de s’unir d’intention pour la réussite de cette rencontre.

Pour ce qui est des acteurs des pays d’Afrique Centrale et de l’Est, rappel leur est fait que des séminaires sont en préparation et que très bientôt, ils auront eux également l’opportunité d’abriter les assises du Forum.

Confiant de votre intérêt intact et renouvelé aux différentes initiatives portées par le FOMECAF, nous souhaitons à chacun et à tous une très bonne suite.

A très vite pour des retrouvailles toujours aussi édifiantes et inspirantes !



Lomé 5: deux acteurs séculiers couronnés par le prix François Sergy 2023

Le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) et l’Association Radio Réveil décernent le prix François SERGY 2023 conjointement au photographe Koudousse Moustapha du Bénin et au promoteur de radio Rabiou Hamadou du Niger.

Le 24 février, les responsables du FOMECAF en collaboration avec l’Association franco-suisse Radio Réveil ont décerné pour la quatrième fois, lors de la dernière journée du séminaire Lomé 5, un prix d’encouragement à des spécialistes des médias. Cette année, Koudousse Moustapha du Bénin ainsi que Rabiou Hamadou du Niger ont convaincu le jury. L’impact social pour le premier et la promotion de la paix et du « vivre ensemble » pour le second, rejoignent le thème du séminaire qui vient de se terminer à Lomé, mais encore les enseignements dispensés par le FOMECAF depuis 2019.

Le prix François Sergy honore des participants aux séminaires de Lomé qui se sont particulièrement illustrés par la mise en pratique des enseignements reçus au cours des cinq séminaires organisés depuis 2019 dans la capitale togolaise.

Un photographe béninois est distingué

Koudousse Moustapaha, jeune photojournaliste béninois, dirige « Kovart Digital School », une école de photographie créée il y a juste une année à Porto-Novo, la capitale du Bénin. Après l’obtention de son baccalauréat, il s’est inscrit dès 2017 à une formation en photographie, une activité médiatique qui constituait déjà sa passion. Il a obtenu son certificat de qualification au métier (CQM) en 2020. Son talent a rapidement été repéré. Parmi les mandats qu’il effectue, il faut relever un mandat auprès de la présidence du Bénin, qui a placé sa confiance en lui. Koudousse Moustapaha a participé au séminaire de Lomé 4 et s’est distingué depuis par la qualité de son travail. Fort des enseignements reçus, il a démarré quelques semaines plus tard « Kovart Digital School », une œuvre impliquée dans l’action sociale. Cette école se situe notamment en quartier défavorisé.

Un homme de radio de Maradi

Rabiou Hamadou est le second récipiendaire du prix François Sergy. De nationalité nigérienne, il est le promoteur de « Radio Nagarta » à Maradi au Niger. Sa ligne éditoriale donne la parole à l’ensemble de la mosaïque sociale, culturelle et religieuse qui peuple cette région de l’est son pays en proie, non loin de là, à l’instabilité due à des groupes armés djihadistes. « Je dédie ce prix à toutes les victimes de la guerre russo-ukrainienne et à leurs familles », a-t-il lancé au moment de recevoir son prix. Il n’a pas échappé à ce fin limier des médias que le prix lui était décerné une année jour pour jour après le déclenchement de la guerre en Europe .(c)


A propos du prix François Sergy

Le prix François Sergy a été institué en 2019. En lien avec le FOMECAF, il rend hommage à une activité médiatique particulièrement méritante, en mémoire du journaliste François Sergy, collaborateur de Radio Réveil aujourd’hui décédé et lui-même d’origine africaine. En 2019, c’est Dodji Juliette Kpessou qui a reçu e prix pour sa série de chroniques « O2Vie ». Jean-Luc Simbilyabo de RDC a été distingué en 2020 pour ses contributions en Ituri (est du Congo). En 2021, Abdoualye Cissé était honoré pour son travail et sa persévérance à Tombouctou (Mali).

Plus d’informations sur les autres récipiendaires du prix François Sergy :


A propos du FOMECAF

Le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) rassemble depuis 2019 les signataires de « La déclaration de Lomé » qui rassemble une fois par année les acteurs des médias confessionnels de l’Afrique francophone.

Plus d’infos sur le FOMECAF.

Les rencontres de Lomé 5: un bilan avec Illia Djadi et Emmanuel Ziehli

Encourager les journalistes, animateurs et techniciens des radios chrétiennes d’Afrique francophone, c’est le but des rencontres de Lomé. Du 20 au 24 février, Emmanuel Ziehli, directeur de Radio R, s’est rendu sur place pour participer à la cinquième édition de ce séminaire. Le sujet en était : « Médias : outils de paix dans un monde en conflit ». Retour sur cet événement dans « Un R d’Actu » sur RADIO R.

Le mardi 7 mars, Emmanuel Ziehli, directeur de Radio R, et Illia Djadi, analyste dans le cadre de l’ONG Portes ouvertes, ont fait le bilan de la cinquième édition des rencontres de Lomé organisées par le FOMECAF (Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone).

Cette année, ces rencontres de réseautage et de formation continue destinées notamment aux journalistes, animateurs et directeur des radios confessionnelles d’Afrique francophone ont abordé le thème : « Médias : outils de paix dans un monde en conflit ».

Illia Djadi en était l’orateur principal. Il a encouragé la 70taine de participants à faire du média radio un outil pour promouvoir le vivre ensemble et l’octroi de la parole à tous dans les radios chrétiennes, y compris aux représentants de la communauté musulmane. (c)

Ecouter l’émission « Un R d’Actu » avec Illia Djadi (Portes ouvertes), Emmanuel Ziehli (Radio Réveil), Abdoulaye Cissé (Mali) et Alphonse Teyabé (Cameroun).

LOME 5 : MEDIAS OUTILS DE PAIX DANS UN MONDE EN CONFLIT

Plus 70 acteurs des médias chrétiens d’Afrique francophone se réunissent à l’OCDI de Lomé du 20 au 24 Février 2023 prochains avec pour objectif de renforcer leurs capacités et échanger dans le cadre du Forum des Medias Chrétiens d’Afrique Francophone (FOMECAF). Illia Djadi, journaliste et défenseur des droits de l’homme, sera l’orateur principal de cette cinquième édition placé sous le thème « Médias : outils de paix dans un Monde en conflit ». Placé sous le patronage du ministère de la communication et des médias, son ministre le Professeur Akodah Ayewouadan sera l’hôte d’honneur de la cérémonie d’ouverture.

Le FOMECAF se réunit pour la cinquième fois dans la capitale togolaise. Plus de 70 participants venus de près de 15 pays sont attendus à cet important rassemblement de médias chrétiens d’Afrique Francophone. En outre, après 2 éditions organisées malgré la
pandémie de Covid, cette édition marque le retour de 4 ateliers pratiques animés par des invités internationaux de qualité, Joël Pelet Directeur de la télévision « Canal Alpha » en Suisse, Christian Gaspoz directeur de « Radios ébène développement » à Paris, Denis Steffen consultant radio et membre du conseil d’administration de Radio Réveil ainsi que Pierre-Yves Mutrux chargé de mission auprès de l’organisation internationale « Galcom » au Canada. L’association suisse Radio Réveil est pour la dernière fois coorganisatrice de l’évènement et représentée par son président Emmanuel Ziehli. Cette édition signe en effet la fin d’un processus de transition, l’avenir appartenant désormais exclusivement à des responsables africains.

Illia DJADI, orateur principal de cette édition

Dans un monde bouleversé par des conflits répétés qui perturbent l’économie et la vie dans les nations, Illia DJADI, par ses expériences d’analyste, apportera à ses pairs des éléments d’appréciation de la question de conflit sur le continent et les outils nécessaire à intervenir dans le cadre de la préservation de la paix.
Il trouvera les meilleurs mots pour faire comprendre aux journalistes participants à cette rencontre comment être des « Outils de paix » lorsque dans leur zone de couverture cette paix est menacée. Sur toute sa présentation, il reviendra sur les enjeux des conflits en Afrique et dans le monde ; la radio et les réseaux sociaux de possibles armes de destruction massive ou encore quelle pourrait être la
contribution des médias dans la prévention des conflits…

Désigné orateur principal, Illia DJADI est en charge des questions de liberté religieuse et de croyance en Afrique Sub-Saharienne pour le compte de l’ONG internationale « Portes Ouvertes ». Illia est un expert de la matière et intervient dans les médias et forums internationaux afin d’alerter sur la montée de l’extrémisme religieux en Afrique et les dangers qui menacent le « vivre ensemble » sur le continent. Originaire du Niger, il vit à Londres d’où il s’implique activement dans le développement du FOMECAF depuis plusieurs années.

Lomé 5 en format plénières et ateliers

Lomé est à nouveau en format plénières-ateliers. Les séances plénières qui se tiendront tous les matins, seront des moments de grandes édifications avec des orateurs expérimentés et outillés sur le sujet. Habitués au séminaire et pleinement impliqués à la mise en place d’une convergence des médias en Afrique, les différents leaders développeront un après l’autre et ceci sur 5 jours, des sujets aptes à contribuer à équiper les participants à devenir de véritables acteurs de l’apaisement des tensions sur le Continent.
Le retour des ateliers pratiques les après-midis, apportera également une plus-value aux participants. Quatre ateliers sont proposés aux participants notamment « son en studio » de Pierre-Yves Mutrux, « radio filmée » de Joël Pelet et « émetteur FM » de Christian GASPOZ.

Diffusion internet et leadership

Les réunions plénières et les ateliers de Lomé 5 seront intégralement retransmises en direct puis en différé sur les différents canaux du FOMECAF, en particulier Facebook et YouTube.

Les leaders du FOMECAF travailleront quant à eux sur les questions concernant les nouvelles orientations à donner à l’organisation. Ces assises au nombre de 5 constituent l’une des activités majeures de Lomé 5 (c).

A propos du FOMECAF

Le FOMECAF a été fondé à Lomé en 2019 en marge des séminaires de formation médias.
Il réunit une cinquantaine d’acteurs des médias confessionnels en Afrique francophone.

Son leadership est composé de :

1. Dr. Abdoualye Sangho, Trans world radio TWR, Côte d’Ivoire
2. Dr. Etienne Kiemdé, Radio évangile et développement, Burkina-Faso
3. Illia Djadi, Portes ouvertes Londres
4. Olivia Beugre, Radio la Voix de l’Espérance, Côte d’Ivoire 
5. Juliette Kpessou, Radio Hosanna, Bénin
6. Rev. Timothée Amegan, Mediaafrique formation médias, Togo
7. Dr. Alphonse Teyabé, consultant médias, Cameroun
8. Benjamin Holl, Radio Vie Nouvelle, Cameroun
9. Dr. Augustin Ahoga, théologien et sociologue, Bénin
10. Blaise Gaïtou, Directeur national de JEM, Niger
11. Koffi Ahonon, Directeur national de Compassion, Togo
12. Mawuena Abotschi, secrétaire permanent à Lomé, Togo

Les noms en gras composent le bureau exécutif.  S’ajoutent deux acteurs internationaux une dernière fois cette année :

13. Emmanuel Ziehli, Président de Radio Réveil, France
14. Henriette Saindon, secrétaire de Africa by Radio, Afrique du sud

Télécharger le communiqué de presse 

Le FOMECAF se lance dans un partenariat avec AbR et dans la mise en place d’une agence de presse

La quatrième rencontre de Lomé s’est tenue dans la capitale togolaise du 22 au 26 novembre. A cause des restrictions dues à la pandémie, une cinquantaine de représentants des médias chrétiens francophones ont pu participer à l’événement en présentiel. Quelque cinq cents personnes se sont connectées à Internet pour suivre l’événement ponctuellement ou en intégralité. Olivia Beugre de Côte-d’Ivoire a fait le point de la dynamique FOMECAF lors de la cérémonie de clôture. Echos.

« La pérennisation de notre forum n’est possible qu’avec l’adhésion de chacune et de chacun ! » C’est avec ces mots qu’Olivia Beugre a terminé son bilan lors de la cérémonie de clôture de la quatrième édition des rencontres de Lomé, qui se sont tenues du 22 au 26 novembre. La rédactrice en cheffe de la Radio La Voix de l’espérance à Abidjan a salué la présence d’une cinquantaine de journalistes, animateurs et directeurs de radio en présentiel, provenant de 13 pays d’Afrique francophone. Par ailleurs, quelque cinq cents personnes se sont connectées via les canaux Zoom, Youtube ou Facebook , pour suivre des contributions qui portaient notamment sur le thème : « Médias et fracture générationnelle ».

Développer un partenariat avec AbR

Porte-parole de la dizaine de leaders responsables du Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF), Olivia Beugre a ouvert quelques perspectives pour la suite des activités communes. Tout d’abord un travail en partenariat avec AbR Media, un réseau de médias principalement anglophones, qui propose du soutien aux radios chrétiennes de l’ensemble du continent africain.

La femme de radio de La Voix de l’espérance a aussi relevé que Dodji Juliette Kpessou de la Radio Hosanna à Porto-Novo (Bénin) et Benjamin Holl de la Radio Vie nouvelle à Douala (Cameroun) allaient reprendre l’animation de l’agence de presse qui publie diverses contributions écrites et radio sur le site du FOMECAF. Ils seront épaulés par Joseph Ykio Gnahoua et Franceline Sehi de Côte-d’Ivoire.

Promouvoir la radio satellitaire « Nouvelle vie »

Les responsables du FOMECAF ont également décidé de promouvoir en leur sein la radio satellitaire francophone « Nouvelle vie », afin de permettre la reprise d’émissions diffusées par ce partenaire. Par ailleurs, une banque de radios web sera disponible en ligne en vue de la reprise de certains programmes qui intéresseraient les radios locales, parfois en manque de certaines contributions originales.

Du point de vue structurelle, Olivia Beugre a encore relevé qu’un organe de transition allait être créé afin de mieux impliquer les Africains dans l’organisation des rencontres et des programmes de formation du FOMECAF.

Un prix octroyé à Abdoulaye Cissé, directeur de radio à Tombouctou

A la fin de la cérémonie de clôture, Emmanuel Ziehli a remis le Prix François Sergy à Abdoulaye Cissé, directeur de la Radio Tahanint (miséricorde) à Tombouctou (Mali). Pasteur dans l’Eglise évangélique baptiste de Tombouctou, Abdoulaye s’est signalé par son courage dans la poursuite d’un travail de témoignage chrétien dans un contexte particulièrement menacé par l’islam radical. En 2012, après que la radio a été pillée, la maison d’Abdoulaye l’a également été. En 2017, trois jeunes ont été assassinés devant la radio Tahanint, parmi lesquels deux animateurs de la station. En plus de ses activités radiophoniques et pastorales, Abdoulaye Cissé diffuse aussi des émissions chrétiennes sur une quarantaine de radios du nord du Mali qu’il rétribue pour cela. (c)

Encadré

Les rencontres de Lomé en bref

Les rencontres « Lomé » ont vu le jour en janvier 2019. Elles offrent aux acteurs des médias chrétiens d’Afrique francophone l’occasion de se former pendant une semaine et de réseauter pour développer une dynamique d’échanges entre acteurs de différents pays.

En janvier 2019, l’association Radio Réveil en Suisse, qui produit des émissions radiophoniques pour toute la francophonie, décide à l’occasion de ses 70 ans de convier ses partenaires radio en Afrique à une session de formation à Lomé. Une centaine de personnes prennent part à l’événement et signent la Déclaration de Lomé. Les signataires s’engagent à renoncer à la concurrence entre radios évangéliques ainsi que protestantes, et à mettre des ressources en commun pour améliorer la qualité de leurs programmes.

Lors de la deuxième édition des rencontres de Lomé, les quelque 170 participants se sont lancés dans une réflexion autour de la thématique « Inventons la radio intégrale ! ». Ils ont aussi décidé de créer le Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone (FOMECAF) avec comme membres du comité fondateur : Olivia Adiko, journaliste et rédactrice en chef de La Voix de l’espérance (Côte d’Ivoire), le Dr Alphonse Teyabe, consultant en communication (Cameroun), Timothée Amegan, pasteur et directeur général de Médiafrique (Togo), et Emmanuel Ziehli, directeur de Radio Réveil (Suisse).

En 2020, en pleine pandémie de covid-19, Lomé 3 a proposé à une cinquantaine de participants en présentiel et à une centaine en ligne des réflexions autour de « Convergence des médias et polyvalence des métiers ».

Le compte rendu de Lomé 1

Le compte rendu de Lomé 2

Le compte rendu de Lomé 3

Les membres actuels du comité du FOMECAF

Les personnes suivantes sont membres du réseau étroit ou du comité du FOMECAF : Olivia Adiko Beugre (Radio la Voix de l’Espérance ; Abidjan), Dodji Juliette Kpessou (Radio Hosanna, Porto-Novo), Dr Augustin Ahoga (théologien et anthropologue, Bénin), Timothée Amegan (Médiafrique, Lomé), Illia Djadi (Portes ouvertes, Londres), Blaise Gaïtou, directeur de JEM Niger, Benjamin Holl (Radio Vie nouvelle, Douala), Etienne Kiemdé (Radio Évangile et développement, Ouagadougou), Koffi Ahonon (CICERI et Compassion, Lomé), Dr Abdoulaye Sangho (TWR, Abidjan), Dr Alphonse Teyabe (consultant en médias, Douala) et Emmanuel Ziehli (Radio Réveil France).

A propos :

Forum des médias chrétiens d’Afrique francophone https://medias.africa/

Radio Réveil Suisse et France https://radioreveil.ch/  | https://radio-reveil.org/

AbR Medias Afrique du Sud : https://abrmedia.org/

Le Prix François Sergy va cette année à Abdoulaye Cissé, directeur de radio à Tombouctou

« Je dédie ce prix à tous ceux qui ont perdu la vie à cause de leur foi ! » Abdoulaye Cissé est le directeur de la Radio Tahanint à Tombouctou au Mali. Pasteur et commerçant dans l’âme, il a reçu le prix François Sergy le vendredi 26 novembre à Lomé (Togo), lors de la cérémonie de clôture de la quatrième semaine de formation pour les acteurs des médias chrétiens d’Afrique francophone. Très ému, cet homme de 55 ans, vêtu d’un boubou traditionnel jaune, a ajouté qu’il dédiait aussi ce prix à son mentor, Abdoulaye Sangho, directeur international Afrique de l’Ouest et Afrique centrale de Trans World Radio, l’un des principaux orateurs de Lomé 4, présent ce jour-là.

Distingué pour sa persévérance et son courage

Le jury du Prix François Sergy, un prix distribué en hommage à un ancien journaliste de Radio Réveil, a décidé cette année de récompenser Abdoulaye Cissé à cause de sa persévérance et de son courage à rester à Tombouctou, une ville menacée par la pression djihadiste qui traverse le Sahel d’ouest en est, du Sénégal à la Somalie.

En 2012, Abdoulaye Cissé a vu sa radio puis sa maison pillées par des extrémistes musulmans. Les livres de sa bibliothèque ont été amenés devant chez lui et brûlés à ciel ouvert. Le 15 décembre 2015, trois jeunes ont été assassinés devant les locaux de la Radio Tahanint (Radio miséricorde). Deux étaient chrétiens et l’un des deux un animateur radio particulièrement prometteur.

« Ce prix est un encouragement à persévérer dans ce que je suis en train de faire, a-t-il ajouté. Je demande votre soutien dans la prière, parce que nous en avons vraiment besoin ! »